Vers une divergence durable des politiques monétaires

Publié le 13 novembre 2015 à 12h30    Mis à jour le 13 novembre 2015 à 18h31

Jean-Louis Mourier

Après avoir troublé les investisseurs en tergiversant sur l’amorce de normalisation de sa politique monétaire, la Fed a recadré sa communication. Les risques mis en avant au mois de septembre ont été minimisés un mois et demi plus tard et de nombreux banquiers centraux américains ont rappelé qu’une première hausse des directeurs lors de leur réunion de décembre est «possible», «si les statistiques économiques le permettent». Le rapport sur le marché du travail du mois d’octobre a achevé de convaincre les investisseurs que le «possible» est devenu «probable».

Dans le même temps, la BCE, et plus particulièrement son président et plusieurs membres éminents de son directoire tiennent un discours plus pessimiste sur les perspectives économiques et sur le retour de l’inflation vers la cible de la Banque centrale dans un délai raisonnable. Ce diagnostic posé, les banquiers centraux européens se sont engagés à réexaminer, lors de leur prochaine réunion, «le degré de l’orientation accommodante de la politique monétaire». Compte tenu des discours récents de plusieurs responsables de haut rang de l’institution, il est probable que la politique monétaire européenne sera encore assouplie au début du mois de décembre.

La perspective de divergence entre les politiques monétaires menées de part et d’autre de l’Atlantique a déjà provoqué une baisse de plus de 5 % de l’euro face au dollar. La confirmation que ces politiques vont diverger pendant de longs mois devrait entretenir la faiblesse de l’euro, mais aussi perturber l’ensemble des marchés financiers, qui devront s’adapter à une situation inédite dans la durée.

Jean-Louis Mourier Economiste ,  Aurel BGC

Jean-Louis Mourier occupe la fonction d’économiste chez Aurel BGC, société de courtage qu’il a rejoint en 1998. Titulaire d’un DEA d’économie internationale obtenu à Grenoble, Jean-Louis Mourier exerce la profession d’économiste dans des institutions financières depuis plus de 20 ans. D’abord au sein du groupe Louis-Dreyfus, puis chez Aurel, il suit la conjoncture des pays de l’OCDE, et plus particulièrement de la zone euro, ainsi que de quelques économies émergentes. Il s’intéresse notamment aux politiques monétaires et aux mouvements internationaux de capitaux.

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