Ressources humaines

Resserrer les liens grâce au team building

Publié le 1 octobre 2021 à 15h58

Alexandra Milleret

Après 18 mois sans pouvoir rassembler leurs effectifs au grand complet en raison des restrictions sanitaires, les entreprises réfléchissent de nouveau à organiser des évènements internes afin de ressouder leurs équipes. Mais l’utilisation, pendant les différents confinements, de nouveaux outils de visioconférence pourrait bien avoir révolutionné le team building en entreprise.

Les barbecues de fin d’année, les soirées de Noël, les week-ends en séminaire… autant de moments de convivialité entre collègues rendus impossibles depuis le début de la crise sanitaire et qui suscitent aujourd’hui une certaine nostalgie. Pourtant, après trois confinements en 18 mois et le recours massif au télétravail, il devient urgent pour les entreprises de resserrer des liens distendus entre salariés. C’est une question de bien-être au travail mais aussi de productivité. « Un collaborateur engagé dans la société favorise la satisfaction client, revendique Frédérique Lorentz, responsable de l’engagement des collaborateurs et de l’expérience clients chez ADP, fournisseur de logiciel de paie. Or, si notre société était assez avant-gardiste sur la question du télétravail au moment du premier confinement en mars 2020 (un accord avait déjà été signé en 2011 pour les salariés), notre grand challenge, tout au long de la crise, a été de maintenir, malgré la distance, une cohésion d’équipe. » Un défi d’ampleur, pour les petites comme les grandes structures, qui a heureusement pu être relevé grâce à l’utilisation de nouvelles applications de visioconférence.

Des intégrations en visioconférence

En effet, les entreprises n’ont pas attendu la levée de l’incitation au télétravail par les autorités le 9 juin pour essayer de donner à leurs salariés, depuis leur foyer, le sentiment d’appartenir toujours à un collectif. « Teams a été un instrument réellement transformant durant la pandémie, nous permettant d’ouvrir des événements digitaux à une cible plus large de collaborateurs que lors des séminaires physiques classiques que nous organisions avant la crise », explique Véronique Berthout, responsable engagement d’entreprise chez BNP Paribas Personal Finance. Ainsi, des cours de sports, des cafés en visioconférence ont pu être rapidement organisés. « Nous nous sommes demandé ce que nous pouvions mettre en place pour parler d’autre chose que de l’entreprise, relate Frédérique Lorentz. Aussi, nous avons réuni tous les trois mois des salariés en petit comité pour des coffee times autour d’une passion d’un des collaborateurs. J’ai moi-même animé un atelier salsa. » Mais aussi des jeux concours : « De nombreux salariés se sont inscrits pour participer à des animations type “Questions pour un champion”, des petits “baccalauréats”, se remémore Louise Robitail, directrice des ressources humaines d’Eurécia, fournisseur de solutions de gestion administrative du personnel et d’engagement collaborateur.

Autant de formules qui ont permis aux collègues d’une entreprise de se retrouver et notamment pour les salariés inquiets à l’idée d’être enfermés chez eux sans interaction sociale. « La crise sanitaire était anxiogène, rappelle Louise Robitail. Grâce à notre module bien-être développé en interne et intégré dans notre solution Eurécia, nous avons envoyé beaucoup de questionnaires afin de nous enquérir de l’état psychologique de nos collaborateurs et évaluer leur bien-être tous les jours. Ils pouvaient ainsi laisser un petit commentaire à leurs managers ou au service RH de l’entreprise. »

Par ailleurs, cette méthode s’est avérée très utile pour intégrer les nouvelles recrues. En effet, malgré la crise économique, certaines entreprises ont embauché, augmentant leurs effectifs. « Avant le début de la pandémie, notre entreprise comptait une soixantaine de salariés contre 100 aujourd’hui », explique Louise Robitail. « Pour éviter que de nouveaux collaborateurs découvrent pour la première fois leurs collègues après des mois passés dans l’entreprise lorsque les restrictions sanitaires seraient levées, nous avons mis en place des animations “welcome visio”. Toutes les trois semaines, chaque nouveau salarié devait se présenter au reste de l’équipe de façon informelle. Il devait par exemple présenter trois anecdotes le concernant et les autres devaient deviner laquelle était vraie. »

Du team building responsable

Du point de vue de la trésorerie des entreprises, organiser des évènements grâce à des outils numériques a également représenté un sérieux avantage, notamment en période de crise économique. « Le recours au digital est certes en partie générateur d’économies pour l’entreprise puisque les frais de transport ou d’hébergement ne sont plus nécessaires. Néanmoins, l’organisation d’événements digitaux a également un coût, nécessitant une organisation technique et une mise en scène de qualité pour créer une dynamique à distance entre les participants », constate Véronique Berthout. Estimé entre 30 euros et 150 euros par personne, en temps normal, selon les prestations proposées, le team building s’avère en effet coûteux pour les entreprises. « Avant la crise sanitaire, nous réfléchissions à l’organisation d’évènements mais nous nous mettions beaucoup de freins psychologiques et financiers, notamment du fait que nos 2 100 collaborateurs sont répartis sur neuf sites en France, ce qui demandait beaucoup de logistique », avoue Frédérique Lorentz.

Avec ces gains de trésorerie réalisés, les services RH ont donc souhaité profiter de la pandémie pour sensibiliser leurs collaborateurs à des enjeux responsables. « Nous avons imaginé des opérations différentes en réunissant les équipes en petit comité autour de team buildings solidaires organisés avec différentes associations choisies en rapport avec les métiers des salariés », relate Véronique Berthout. C’est ainsi par exemple que le service RH de BNP Paribas Personal Finance s’est réuni autour d’associations travaillant avec les personnes en situation de handicap (En 10 Saveurs, Boutique Club Emploi…). « De plus, nous participons activement au programme “#1MillionHours2Help” de BNP Paribas qui propose aux collaborateurs une demi-journée de volontariat par an pour aller soutenir une association », ajoute Véronique Berthout. Un team building revisité qui allie convivialité et responsabilité pour bon nombre d’entreprises. « L’année dernière, pour Halloween, nous avons demandé à nos salariés de se déguiser et de se prendre en photo, indique Louise Robitail. En fonction du nombre de clichés que nous avions réussi à récupérer, un don (10 euros par collaborateur déguisé) a été fait pour une association choisie par les collaborateurs eux-mêmes. » Des évènements que comptent bien d’ailleurs pérenniser les entreprises, d’autant que malgré un retour progressif sur les lieux de travail, de nombreux salariés sont encore aujourd’hui à distance.

Des évènements mixtes

En effet, beaucoup d’entreprises sont loin d’être revenues à un mode de fonctionnement normal. « Chez BNP Paribas Personal Finance, nous ne reviendrons pas complètement à notre fonctionnement d’avant crise, estime Véronique Berthout. Avec le nouvel accord de télétravail qui va entrer en vigueur, les collaborateurs pourront travailler de chez eux jusqu’à 50 % du temps. Nos évènements de team building seront donc forcément différents à l’avenir, digitaux ou “phygitaux ”. » Par ailleurs, des restrictions sanitaires étant toujours en vigueur, il n’est pas encore permis aux services RH de réactiver les anciennes formules de team building. « Avant la crise sanitaire, tous les salariés partaient pour deux jours faire du camping au cours d’un week-end spring break, mais ces programmes sont toujours inconcevables aujourd’hui », observe Louise Robitail. Dans ce contexte, les services RH souhaitent combiner évènements virtuels et présentiels : « Par exemple, nous avons déjà envoyé à tous les chefs d’équipes un catalogue comprenant toutes sortes d’idées d’évènements : escape game virtuel, cours de cuisine, apéritifs ou petits-déjeuners à la maison avec la livraison de coffret repas et boissons pour les collaborateurs, etc. détaille Frédérique Lorentz. Mais nous travaillons également à une chasse aux œufs de Pâques pour 2022 et à une journée, dans nos locaux, dédiée aux enfants de salariés. » 

Des idées originales qui ont également pour but de convaincre les salariés de revenir au bureau. « Pendant la crise sanitaire, nous avons déménagé dans de magnifiques locaux situés sur un parc de 20 hectares près de Toulouse, explique Louise Robitail. Nous avons donc développé tout un concept d’animations internes et régulières, comme un atelier jardinage, des Euréciades (principe des Olympiades avec des soirées et des activités physiques) pour donner envie aux collaborateurs de s’approprier ce nouvel espace. » Une politique RH qui semble séduire les salariés puisque l’entreprise Eurécia a connu, depuis le début de la pandémie, une croissance de 25 % de son chiffre d’affaires et n’a enregistré aucun arrêt maladie. 

La crise sanitaire a amélioré la communication en entreprise

l Avec la crise sanitaire, ce qui faisait le sel des relations interservices a disparu : finis les déjeuners entre collègues, les discussions impromptues dans les couloirs de bureaux pour se tenir au courant des dernières nouvelles de l’entreprise. « Avec la crise sanitaire et les confinements, discuter à la machine à café est devenu impossible », constate Frédérique Lorentz, responsable du service excellence chez ADP, fournisseur de logiciel de paie. Aussi, depuis le début de la pandémie, les entreprises se sont montrées vigilantes quant à la communication entre les dirigeants et leurs effectifs. Beaucoup d’animations ont été mises en place afin d’informer les collaborateurs de la situation de l’entreprise. « Il était fondamental pour nous que l’information circule, poursuit Frédérique Lorentz. Pour cela, nous avons envoyé une fois par mois un document power point d’une vingtaine de pages à nos collaborateurs pour les informer sur nos succès, un client gagné, un prix remporté par une équipe, la sortie d’une nouvelle offre de service… » Une méthode qui a finalement dynamisé la communication en entreprise par rapport à celle délivrée avant la crise sanitaire.

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