Transition énergétique

Innovation : la Tech peut-elle sauver le climat ?

Publié le 26 avril 2024 à 12h08

Anne del Pozo    Temps de lecture 4 minutes

L’innovation et son financement étaient l’un des objectifs de France 2030. Sur les 30 milliards d’euros engagés, 3 500 projets ont été financés. La Tech peut-elle transformer les industries plus rapidement ? Peut-elle soutenir les initiatives vertes ? Sauver le climat nécessitera certes de la technologie mais aussi de l’investissement des politiques publiques, des financements, de l’action des entreprises, des comportements individuels et des changements de nos modes de vie. Nous sommes dans un jeu d’interdépendance et, dans ces domaines, l’action ne peut être que collective.

Le climat et l’action collective

« Prenons l’exemple de l’eau, qui est le premier marqueur du changement climatique, explique ainsi Teresa Landa, directrice régionale Normandie de Veolia. L’eau est un élément dimensionnant, sur un axe sociétal, politique et économique des territoires. Or ces trois axes passent par la collaboration. » Dans le cadre d’une approche collective, chacun doit assumer sa responsabilité. « Le politique doit fixer un cadre, ajoute pour sa part Julien Denormandie, chief impact officer chez Sweep. Les entreprises doivent se conformer à ce cadre et apporter des solutions pour permettre à d’autres d’atteindre un certain nombre d’objectifs. Les financiers et les citoyens aussi doivent assumer leurs responsabilités. Pour que cette approche collective ait lieu, il faut également jouer le jeu de la transparence. » Cette notion de transparence, nous la voyons également, sur les marchés cotés, dans la performance de l’entreprise. « Ce qui est extrêmement important, c’est d’analyser l’entreprise sur le scope 1 et 2, mais aussi le scope 3 afin de se rendre compte de ses externalités les plus larges possible », précise Luc Olivier, gérant à La Financière de l’Echiquier.

La technologie et le climat

L’émergence de nouveaux entrepreneurs sur les sujets climat a posé une nouvelle question aux financiers et aux acteurs du venture capital. En effet, historiquement, le venture capital finançait des sociétés très digitales, du SaaS. Or, sur le sujet du climat, les entrepreneurs ont des problématiques bien plus larges : il faut du digital pour faciliter l’accession aux technologies par les clients, déployer des actifs chez les clients de façon centrale, avoir des approches de consolidation de marché pour atteindre des effets d’échelle et les coûts nécessaires. « L’entrepreneur qui nous sollicite va donc avoir besoin d’un investisseur qui comprend le digital, ce qu’est le financement d’actifs, ce qu’est une plateforme buy and build, comment est-ce qu’on consolide un marché, comment est-ce qu’on fonctionne, précise Pierre Devillard, managing director chez Eurazeo. Cela nécessite une transversalité et une compétence assez larges pour pouvoir les accompagner. » « Cette transversalité consiste aussi à apprendre à faire plusieurs choses à la fois, à avoir la capacité de réfléchir sur le moyen et le long terme, à prendre en compte les nouveaux métiers et pouvoir travailler sur les précurseurs individuels et l’action collective en même temps, ajoute pour sa part Teresa Landa. Pour évaluer et faire des choix, les investisseurs ont également besoin de données. « En ce moment, il y a une révolution qui est en cours sur ce sujet avec de nouvelles réglementations, comme la CSRD, qui représente près de 1 099 métriques à renseigner tout au long de la chaîne de valeur et qui impose que ces données soient auditables », poursuit Julien Denormandie. L’approche par la donnée est nécessaire et il existe aujourd’hui des outils qui permettent de l’aborder, de la collecter, la monitorer… » Ainsi, tout l’enjeu des fonds impact consiste à aller chercher cette valorisation des entreprises. 

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