Investir de manière responsable sur les marchés obligataires ne se limite plus, pour les institutionnels, à acheter des green bonds. Mais gérer l’intégralité d’un portefeuille de dette en intégrant des contraintes extra-financières fortes n’est pas sans conséquences sur la performance financière. Du moins à court terme.
Contribution à la neutralité carbone, respect du Pacte mondial, financement des objectifs de développement durable… Les engagements extra-financiers des investisseurs institutionnels se sont multipliés ces dernières années, avec pour corollaire des contraintes de plus en plus fortes sur leurs portefeuilles d’actifs, et en particulier les plus larges d’entre eux : les poches obligataires. Si la vague ESG a d’abord submergé les gestions actions, elle a depuis largement gagné les stratégies « fixed income », bien au-delà de la simple niche des green bonds. Un mouvement jugé incontournable par les gérants obligataires en charge de ces portefeuilles institutionnels. « La capitalisation des obligations est au moins aussi importante, voire plus, que celle des actions : les créanciers ont donc un rôle très important à jouer dans le financement de la transition énergétique, souligne Nicolas Coulon, gérant obligataire investment grade chez Ofi Invest Asset Management. Ils sont en outre le seul moyen de toucher certains émetteurs, au premier rang desquels les Etats. » Ils sont aussi au cœur des centres d’intérêt des investisseurs depuis 18 mois du fait de la spectaculaire hausse des rendements offerts, avec l’enjeu de rendre ce rallye obligataire plus « responsable ».
Une analyse extra-financière plus contraignante
L’ESG n’est certes pas un acronyme neuf pour la gestion obligataire, mais il s’est densifié ces dernières années. « Nous analysons depuis très longtemps les facteurs extra-financiers qui ont des conséquences directes sur la...