Les infrastructures, au cœur de la transition énergétique

Publié le 26 novembre 2020 à 11h40

Alex Araujo

La crise du Covid-19 a porté les infrastructures au premier plan des préoccupations des gouvernements, l’urgence du changement climatique faisant basculer l’attention vers une reprise «verte».

Les infrastructures sont au cœur de la transition vers un monde sans carbone. L’ambitieux «Green Deal» de l’Union européenne en est la preuve, les gouvernements concentrent désormais leurs efforts de relance sur les services publics et les infrastructures, en mettant l’accent sur les énergies renouvelables.

L’une des principales échéances dans ce domaine sera l’issue des élections américaines de 2020. Si l’augmentation des dépenses d’infrastructures a été un élément important des plans de relance budgétaire en Chine, au Japon et en Europe, elle a fait cruellement défaut aux Etats-Unis, et le besoin urgent de développer et de moderniser les infrastructures américaines en mauvais état est l’un des rares terrains d’entente entre républicains et démocrates.

Selon l’American Society of Civil Engineers, 2,5 % seulement du PIB des Etats-Unis ont été consacrés aux infrastructures en 2019, contre 4,2 % dans les années 1930, estimant alors que ce déficit d’investissement entre 2016 et 2025 atteindra 2 000 milliards de dollars. En outre, le secteur des infrastructures est l’un des principaux employeurs aux Etats-Unis, qui représente 17,2 millions de personnes. Que les démocrates soient élus ou pas, les entreprises privées et les services aux collectivités régionales investissent déjà dans des projets verts, mais une victoire de Joe Biden permettrait sans doute de pousser plus loin le déploiement des énergies renouvelables, compte tenu du plan du candidat «pour construire une infrastructure moderne et durable et un avenir équitable en matière d’énergie propre».

Les services publics jouent un rôle clé

Si les services publics sont un élément central de l’infrastructure de chaque pays, ils sont néanmoins considérés comme l’un des principaux coupables en matière de gaz à effet de serre. Et pourtant, les entreprises des services publics sont au cœur des exigences liées à la transition énergétique, et nombre d’entre elles ont déjà largement contribué à accéder aux opportunités liées à la transition vers les énergies renouvelables. Citons comme exemple NextEra Energy Partners, une entreprise de services publics américaine qui se concentre sur les énergies propres, et Enel, une société italienne qui déploie des sources d’énergie sans émissions, tout en accélérant le processus de décarbonisation.

Quelles opportunités ?

Les investisseurs sont acteurs de la transition énergétique. Les gouvernements ne sont pas en mesure de passer aux énergies renouvelables du jour au lendemain. Par ailleurs, certains domaines de la transition énergétique sont politiquement sensibles, comme les conséquences que l’abandon du charbon pourraient avoir sur l’emploi. Cela pourrait s’avérer problématique aux Etats-Unis, où les deux partis politiques considèrent le maintien et la création d’emplois comme une composante importante de la reprise économique. Pourtant, le cheminement vers un avenir plus vert nécessitera l’élimination progressive du charbon et autres sources d’énergie à forte intensité de carbone, de même que l’introduction progressive des énergies renouvelables.

En matière d’opportunités d’investissement, les entreprises d’infrastructures exposées à la transition vers une économie plus verte et plus durable seront bien placées pour croître au cours des prochaines décennies. L’attention croissante portée à la reprise verte devrait constituer un puissant levier pour les entreprises qui détiennent et développent des infrastructures durables, telles que des parcs solaires ou éoliens et des réseaux de recharge de véhicules. Les entreprises qui détiennent des infrastructures numériques dont dépendent les économies modernes vont également se révéler essentielles, particulièrement dans un monde post-pandémique. S’il est facile de se faire surprendre par la crise actuelle et la volatilité des marchés qui en découle, les investisseurs se doivent de regarder au-delà. Que l’accent soit mis sur les énergies renouvelables, les transports du futur, l’urbanisation, la connectivité universelle, la gestion de l’eau et des déchets ou les changements démographiques, force est de constater que cette classe d’actifs est portée par de puissantes thématiques et tendances structurelles à long terme. 

Alex Araujo

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