Fonds prudents : bonne ou mauvaise idée ?

Publié le 22 septembre 2017 à 10h16    Mis à jour le 25 septembre 2017 à 10h18

Jean-François Fossé avec Olivier Gudefin

Les Français plébiscitent l’assurance vie, le fonds en euros en priorité pour la sécurité. Face à la baisse des rendements des fonds en euros, les épargnants les plus averses au risque pourraient être tentés de se tourner vers les fonds prudents.

Généralement, ces fonds dits «prudents» sont pondérés en moyenne à 20-25 % en actions 1. Le solde est généralement investi dans des produits de taux. Cette construction de portefeuille basée sur un modèle simple d’optimisation du couple rendement/risque permet de bénéficier d’un effet diversification entre ces classes d’actifs en raison de leur faible corrélation historique.

Tant que les marchés obligataires délivraient des rendements suffisants pour compenser les éventuelles pertes sur les actions, il était possible pour les sociétés de gestion de présenter ces supports d’investissement comme défensifs avec un risque de volatilité maîtrisé, un objectif de préservation du capital à moyen terme et une espérance de gain supérieure aux fonds en euros.

Aujourd’hui, en raison de la très forte baisse des rendements obligataires en zone euro, il est devenu difficile de tenir cette double promesse, performance et sécurité, en ayant recours à des actifs plus rémunérateurs, mais aussi plus risqués.

Cette nouvelle donne oblige aujourd’hui les gérants des fonds prudents à repenser leur processus de gestion et en particulier la construction de leur portefeuille. Dans cette optique, nous estimons que la gestion du risque a un rôle central à jouer pour faire émerger des fonds prudents qui réussiront demain à améliorer les performances ajustées du risque par rapport aux fonds prudents traditionnels.

La gestion du risque au cœur du process de gestion des fonds prudents

L’une des solutions est de coupler une stratégie d’allocation d’actifs de moyen terme avec un profil de performance convexe (participation à la hausse des marchés plus importante qu’à la baisse). Cette nouvelle approche vise à conserver une espérance de rendement attractive sur le moyen terme tout en limitant le risque de baisse à court terme. Ainsi, en cas de forte augmentation de l’aversion pour le risque, le gérant réduit le poids des actifs risqués dans son portefeuille et cette même exposition est relevée dès lors que les conditions de marché sont plus favorables. Il est important de préciser que, dans un marché sans tendance, cette approche peut délivrer des performances décevantes sur le court terme. De facto, la gestion du risque occupe une place plus importante que par le passé dans la construction de portefeuille, car le gérant a dorénavant l’obligation de budgétiser en amont une enveloppe de risque dans laquelle le fonds évoluera.

Cette gestion du risque, que l’on peut comparer à une prime d’assurance, doit être complétée d’une méthode d’allocation adaptée dont le double objectif est de diversifier les sources de risque et de performances, mais aussi de rendre cette gestion du risque la moins coûteuse possible. Traditionnellement, les fonds prudents ont une allocation composée ainsi : 25 % actions/75 % obligations, souvent avec un biais domestique. La pondération des actions contribue alors à plus de 75 % au risque global, ce qui entraîne une très forte dépendance de la performance du fonds au marché d’actions domestique.

Pour limiter ce biais, il convient de mettre en œuvre une construction de portefeuille qui couvre un univers d’investissement le plus large possible, et favorise l’accès à de nouvelles sources de performance et de décorrélation.

Cette diversification géographique, qui permet de tirer profit des différences de cycles économiques entre les pays, doit toutefois être complétée par une exploitation des primes de risque les plus rémunératrices sur le long terme, sur les classes d’actifs traditionnelles (petites capitalisations, value), mais aussi par des sources de rendement alternatives (dividendes, volatilité, stratégies de courbes…).

En conclusion, la combinaison de ces deux approches, diversification et convexité, devrait permettre à terme aux fonds prudents de nouvelle génération d’afficher des performances ajustées du risque bien meilleures que celles des fonds prudents traditionnels.

1 - Observation des pondérations des indices de référence des fonds de la catégorie distribués en France.

Jean-François Fossé avec Olivier Gudefin

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