La hausse des taux d’intérêt engagée depuis plusieurs années rend le portage obligataire très attractif. Les institutionnels comme les gérants spécialisés, participant au Grand Débat d’Option Finance, témoignent d’une hausse des rendements sur toutes les notations et toutes les durations. Ils s’inscrivent par ailleurs dans le consensus de marché anticipant une baisse des taux d’intérêt en zone euro dès le mois de juin, tandis qu’aux Etats-Unis, les indicateurs macroéconomiques pourraient compromettre les anticipations de marché. Dans une telle configuration, la plupart des spécialistes anticipent que les investisseurs devraient mettre l’accent sur la qualité et les meilleures notations dans les prochains mois, tout en augmentant très progressivement la duration. Enfin, un regain d’intérêt pour les gestions obligataires ESG en euros est également attendu.
- Que représentent les obligations dans vos allocations ?
- Quelles sont vos anticipations en matière d’inflation et de baisse des taux d’intérêt ?
- Ofi Invest - Données clés
- Quels sont les risques à envisager par rapport au consensus de marché ?
- Amundi - Données clés
- La demande pour les produits obligataires ESG porte-t-elle aussi sur les instruments dédiés et quels sont vos process ?
- Ces engagements ont-ils induit une déformation du portefeuille ?
- Caisse des dépôts - Données clés
- Existe-t-il d’autres méthodes pour intégrer le risque climat et les critères extra-financiers dans la gestion obligataire ?
- Les évolutions attendues en matière de réglementation vont-elles avoir un impact sur les flux d’investissement ?
Les intervenants :
- Joël Prohin, directeur du département de la gestion des placements de la Caisse des dépôts (CDC) au sein de la direction des gestions d’actifs
- Grégoire Pesques, directeur de la gestion obligataire globale et des stratégies aggregates, Amundi (Londres)
- Baptiste Buisson, directeur des gestions des mandats & solutions, Ofi Invest Asset Management
Photos : DR
Que représentent les obligations dans vos allocations ?
Joël Prohin : La Caisse des dépôts opère sur deux bilans, celui dont les ressources sont constituées des dépôts des professions juridiques, d’une part, et, d’autre part, celui qui recueille la centralisation d’environ 60 % des encours du Livret A/LDDS et 50 % du LEP. Le premier est à taux fixe, tandis que le Livret A s’appuie sur une formule, quand elle est appliquée, indexée à moitié sur l’inflation et à moitié sur le taux d’intérêt à court terme. Nous possédons ainsi deux types de portefeuilles obligataires : un à taux fixe pour les professions juridiques et un second investi sur des obligations indexées sur l’inflation et sur des obligations à taux fixe transformées à taux variable par un swap. Le montant total des encours sous gestion sur les produits de taux d’intérêt s’élevait à fin 2023 en valeur de marché à 221 milliards d’euros. Ce portefeuille est géré en interne par les équipes de la Caisse des dépôts qui comprennent des spécialistes du souverain, du crédit, des émergents, du high yield (HY), des convertibles et de la trésorerie. Seules des expertises complémentaires sont déléguées, à titre d’exemple, sur le HY, nous investissons en direct sur les titres notés BB et nous investissons dans des OPCVM pour des notations inférieures. A l’identique sur les émergents, nous investissons en direct sur les obligations souveraines en devise dure et via des fonds pour le souverain en devise locale et pour les émissions d’entreprise.
Baptiste Buisson : Ofi Invest gère plus de...