Les derniers mois ont vu une claire accélération de la remontée des taux par les banques centrales. La Fed a monté ses taux de 2,25 % en moins de six mois, ce qu’elle n’avait pas fait depuis les années 1980. Il faut remonter aussi à la fin des années 1980 pour voir la Banque d’Angleterre relever ses taux aussi rapidement. Quant à la BCE, elle n’avait pas procédé à des hausses de taux de 50 points de base depuis le début des années 2000.

Mais les marchés restent prudents quant à leurs anticipations sur le point final de ces cycles de remontée des taux. Aux Etats-Unis, les marchés anticipent un pic des taux courts en début d’année prochaine, autour de 3,75 %, mais très rapidement la Fed recommencerait à baisser ses taux. Cela ne peut se produire que si l’inflation a très fortement ralenti ou si l’économie américaine bascule en récession d’ici là, celle-ci permettant de résorber toutes les pressions inflationnistes.

L’inertie des composantes qui tirent aujourd’hui l’inflation américaine et la vigueur du marché du travail rendent ce premier scénario moins probable. Le deuxième scénario repose sur l’idée que les banques centrales et les marchés estiment correctement le taux neutre et qu’à 3,75 % les taux seront suffisamment restrictifs pour faire basculer l’économie américaine en récession. Sans rentrer dans le débat de la pertinence de la notion même de taux neutre, on peut se demander s’il n’est pas plus haut que par le passé dans une économie où des trillions d’argent public ont amélioré la santé financière des agents économiques et où l’inflation est plus élevée. Face à cette incertitude, les banques centrales devront sans doute remonter les taux jusqu’à voir les signes d’un retournement.