La crise de la Covid a fait sauter tous les verrous en matière de dépense publique. Face à l’arrêt administratif de pans entiers de l’activité économique, les gouvernements ont assuré le maintien des revenus des ménages et évité une avalanche de faillites en augmentant la dépense publique comme jamais en temps de paix : + 8 points de PIB en moyenne en 2020, selon le Fonds monétaire international (FMI). Le FMI estimait en juillet dernier le montant total des mesures adoptées à 16,5 trillions de dollars.

La question du retour à la normale se posait de manière particulière par rapport à des plans de relance classiques. Ces mesures se substituant à des revenus d’activité, la reprise de l’activité à un niveau normal les rendait superflues. En ce sens, une bonne partie de ces mesures discrétionnaires dans la forme ont fonctionné comme des stabilisateurs automatiques, ces dépenses publiques qui varient automatiquement avec l’activité économique. On le voit aux Etats-Unis : l’arrêt des indemnités chômage exceptionnelles début septembre n’a pas entraîné de forte chute de la consommation. L’effet de falaise fiscale ne devrait donc pas jouer autant que dans d’autres circonstances.

S’agira-t-il pour autant d’un retour aux habitudes d’avant ? On voit se dessiner en Europe une approche moins négative sur la dépense publique. Les gouvernements répondent à la forte hausse des prix de l’énergie par de nouvelles aides. En Allemagne, l’accord de coalition ouvre une voie timide à davantage d’investissement public. Même le nouveau gouvernement de Mark Rutte aux Pays-Bas, historiquement le pays européen le plus attaché à la rigueur budgétaire, annonce d’importants plans d’investissement et des hausses de dépenses sociales. Restera donc à voir quels seront les impacts de ce goût retrouvé pour la dépense publique sur la renégociation du traité de stabilité et de croissance.