Les primes de risque sur les dettes publiques sont-elles de retour ?

Publié le 8 septembre 2023 à 10h14

Didier Borowski    Temps de lecture 2 minutes

Le rebond des taux d’intérêt sur les emprunts d’Etat au cours de l’été n’est pas lié à la seule conjoncture. Les marchés commencent vraisemblablement à prendre en compte la dégradation des finances publiques.

Le dollar dominant largement le système monétaire international, cela confère aux titres du Trésor américain leur statut de valeur refuge. Cependant, les marchés commencent naturellement à s’interroger face à l’ampleur de la dette publique américaine (nettement supérieure à 30 trillions de dollars), à la normalisation du bilan de la Fed et à des taux plus élevés. Car, à politique inchangée, le ratio dette/PIB des Etats-Unis atteindra 135 % d’ici 2028, et les dépenses de santé et de retraite induites par le vieillissement de la population menacent de peser davantage. Un ajustement budgétaire s’imposera donc tôt ou tard. Il est néanmoins très improbable à court terme : la dette publique américaine n’est pas insoutenable, car il sera toujours possible d’augmenter les impôts en cas de crise. Cela dit, en l’absence de mesures correctives, les déficits élevés et les tensions politiques récurrentes peuvent justifier une prime de risque plus forte, notamment sur la dette de maturité très longue.

En revanche, la zone euro affiche de bien meilleurs résultats, avec un ratio dette/PIB moyen en hausse modérée depuis la grande crise financière. Les divergences de trajectoires entre pays justifient certes des écarts de taux avec l’Allemagne. Mais la réforme proposée du pacte de stabilité et de croissance, en responsabilisant davantage les Etats dans la maîtrise de leurs finances, devrait être bien accueillie par les investisseurs.

Mots clés Macroéconomie
Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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