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Euler Hermes - Dans la marmite du commerce international : comment devenir le top chef de l’export ?

Publié le 26 juin 2015 à 17h21    Mis à jour le 8 juillet 2021 à 19h38

Anne del Pozo

Une reprise encore à confirmer, des tensions modérées sur les prix et la persistance de surcapacités : les perspectives pour le commerce mondial restent atones cette année, pesant sur les chiffres d’affaires des entreprises. Certains pays tirent cependant leur épingle du jeu et représentent des débouchés juteux pour les exportateurs qui sauront combiner audace et savoir-faire. A table !

Les échanges commerciaux internationaux en valeur devraient croître de + 1,8 % seulement cette année pour rebondir à + 4,5 % en 2016 – ce qui ne représente qu’une fraction des + 12 % de la croissance du commerce mondial enregistrée entre 2001 et 2008. Les pressions négatives sur les prix (pétrole, change) se traduisent par un manque à gagner de 560 milliards de dollars des échanges commerciaux pour la seule année 2015, alors que la reprise mondiale des biens et services tente péniblement de redémarrer sept ans après la crise financière. En volume, le commerce mondial devrait croître de + 4 % en 2015, après + 3,3 % en 2013.

Où aller dîner en 2015 ?

«Pour autant, certains pays comme la Chine, l’Inde, et dans une moindre mesure, le Mexique ou la Corée du Sud profiteront non seulement de la taille de leur marché mais verront en outre leurs importations augmenter fortement en 2015-2016, assure Ludovic Subran, chef économiste chez Euler Hermes. Ces nouvelles routes de l’export combinent une croissance réelle des importations supérieure à la moyenne et un faible risque pays.»

La France, quant à elle, bénéficie d’un contexte favorable. Elle est, avec l’Allemagne et l’Italie, dans le trio de tête européen des pays au fort rebond à attendre grâce à l’euro faible. L’Hexagone pourra aller conquérir jusqu’à 20 milliards d’euros de demande supplémentaire à l’export cette année. Un potentiel à saisir pour les entreprises françaises, principalement dû à la baisse de l’euro, mais aussi grâce à un regain de croissance en zone euro (+ 1,3 % de croissance en 2015 et + 1,5 % en 2016). Les quatre filières françaises gagnantes de cette situation seront les biens d’équipement (pour 5,6 milliards d’euros), la chimie (pour 5,4 milliards d’euros), l’agro-alimentaire (pour 3,3 milliards d’euros) et l’automobile (pour 2,4 milliards d’euros).

Un menu à risques : guerre des prix, protectionnisme et impayés

«Il est essentiel que les exportateurs soient attentifs aux trois “P” qui font peser un risque sur les exportations, à savoir prix, protectionnisme et paiement, souligne Ludovic Subran. Cela nécessite de gérer la guerre des prix sur le plan mondial, le protectionnisme sur le plan national et le risque d’impayés des clients afin de relever le défi de l’expansion internationale.»

L’effet prix se retrouve notamment lorsqu’on regarde la croissance des échanges d’un point de vue sectoriel. Le grand perdant sera le secteur de l’énergie, dont les exportations vont reculer de 400 milliards de dollars sur la seule année 2015. Cela étant, les produits chimiques vont bénéficier de la reprise du secteur manufacturier et de la diminution des coûts énergétiques ; l’électronique profitera de la croissance de la demande en Asie ; et la vigueur de la demande en biens d’équipement dans les pays en voie d’industrialisation dynamisera le secteur des machines.

Les pays affichent aussi une volonté croissante de stimuler la demande intérieure en limitant leur dépendance aux importations, tout en essayant de relever les exportations. Cette approche risque de déboucher sur un protectionnisme accru : guerre des monnaies, barrières douanières et autres mesures protectionnistes. 590 nouvelles mesures ont été répertoriées en 2014 au niveau mondial : une entrave au commerce difficile à anticiper.

Enfin, les impayés des entreprises devraient prendre de l’ampleur. Les délais de paiement s’allongent dans le monde entier de trois jours en moyenne en 2015. De fait, les fournisseurs financent leurs clients et les flux de trésorerie connaissent un regain de tension.

Protéger sa trésorerie pour garder l’appétit

Selon le Baromètre export d’Euler Hermes, l’impayé reste le frein principal à l’exportation. Connaître ses partenaires commerciaux et piloter sa politique de crédit sont essentiels pour pérenniser son développement. Or, l’accès à l’information diffère d’un pays à l’autre. S’il est certes plus aisé dans les pays occidentaux que dans des destinations plus lointaines (Europe de l’Est, Asie, Afrique, Moyen-Orient, Amérique du Sud), un pays comme la Suisse – par exemple – se montre pour sa part très frileux dans la mise à disposition d’informations financières sur les entreprises. De plus, les bilans ne sont pas forcément certifiés selon les mêmes règles et avec la même rigueur partout…

De même, à l’étranger, procéder à l’évaluation du risque client n’est pas toujours évident. «Vérifiez d’abord que votre client... existe, conseille Pierre Pasquier, responsable de l’arbitrage export chez Euler Hermes. Un entrepreneur qui n’avait pas été payé par un client chinois est allé voir à l’adresse indiquée, pour ne trouver qu’un terrain vague ! Identifiez bien la ou les personnes qui ont la capacité juridique de signer contrats et bons de commande. Vérifiez auprès du siège l’adresse de livraison, si la commande a été passée par une filiale. Demandez à consulter les comptes de l’entreprise : ces étapes ne doivent pas être négligées.» L’évaluation prend donc du temps et demande proximité, connaissance du marché et des pratiques commerciales… Passer par un tiers, assureur crédit ou banque, peut s’avérer rapidement rentable et plus efficace pour se prémunir du risque de non-paiement ou recouvrer ses créances commerciales en cas de défaut de paiement. Une priorité pour préserver sa trésorerie et faire de l’export une recette gagnante !

Questions à…Jocelyne de Montaignac, membre du comité exécutif d’Euler Hermes France, directeur commercial et marketing

Jocelyne de Montaignac a fait une grande partie de sa carrière à l’international. En contact quotidien avec des exportateurs, elle revient sur les outils financiers nécessaires pour sécuriser leur développement international.

L’export est-il devenu un passage obligé pour développer ses activités ?

Nos entreprises ont envie d’export ! Elles nous l’ont démontré dans notre dernier Baromètre Export. Sur plus de 800 répondants, essentiellement des PME françaises, 83 % ont affirmé leur souhait de se développer à l’international en 2015. Ce volontarisme découle de la bouffée d’air frais générée par un euro attendu en baisse. Ce léger regain en compétitivité pourrait leur permettre d’aller saisir, en partie, la montée en puissance des classes moyennes au Brésil et en Chine. Car le grand export ne fait plus peur ! Le Brésil, l’Algérie, l’Inde, la Chine, le Royaume-Uni et le Maroc caracolent en tête des pays visés en 2015. Des marchés porteurs, qui ont des besoins grandissants en infrastructures, en équipements industriels, et où les produits français séduisent les consommateurs dont le pouvoir d’achat progresse.

Nos exportateurs sont-ils armés pour réussir ?

L’export ne s’improvise pas. Il ne faut pas hésiter à y aller mais il faut être bien entouré, notamment pour bien connaître ses partenaires commerciaux et être sûr de se faire payer. L’assurance crédit joue un rôle majeur pour assurer une gestion saine de son poste clients et renforcer sa compétitivité en optimisant la prospection et les négociations commerciales. C’est un dispositif simple et qui s’adosse aujourd’hui de manière très souple à d’autres procédés de financement court terme.

Existe-t-il de nouveaux outils pour protéger sa trésorerie ?

De nouvelles offres sont venues récemment compléter nos dispositifs d’assurance crédit court terme pour accompagner au mieux les entreprises. Nous offrons une couverture élargie du risque politique qui comprend une protection en cas de guerre, de révolution, de catastrophe naturelle, mais aussi les risques qui découlent de décisions prises par les autorités politiques, comme le risque de non-transfert. Nous avons également mis en place une solution pour les entreprises souhaitant couvrir des opérations ponctuelles à moyen terme contre les risques d’interruption du contrat et d’impayés. Enfin, nos activités de caution – un outil essentiel pour soumissionner des marchés à l’étranger et rassurer les donneurs d’ordre – connaissent un développement croissant, avec une équipe dédiée. Ainsi, le dirigeant peut pleinement se concentrer sur l’essentiel : l’expansion et la réussite de son activité.

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