Export et finance

Le développement des entreprises passera par l’export

Publié le 23 juin 2014 à 9h00    Mis à jour le 8 juillet 2021 à 19h38

Anne del Pozo

En 2013, la croissance du commerce mondial en volume s’est stabilisée et des signes de sortie de récession se manifestent dans la zone euro. Dans ce contexte, malgré une baisse du montant des exportations française, la hausse du nombre d’exportateurs, pour sa part, se poursuit.

En 2013, le déficit commercial de la France atteignait, selon les chiffres publiés par les douanes, 61,2 milliards d’euros, en recul de 6 milliards d’euros par rapport à l’année précédente. Un léger mieux, même si la situation demeure très fragile. Le premier excédent français vient de l’aéronautique (22 milliards d’euros) devant les produits agroalimentaires (11,5 milliards d’euros). Le déficit hors énergie a quant à lui baissé à 13,5 milliards d’euros, enregistrant une réduction de plus de moitié en deux ans.

Un léger mieux en fin d’année

Sur le seul mois de décembre, le déficit commercial de la France est ressorti à 5 207 milliards d’euros contre 5 673 milliards d’euros le mois précédent. En décembre, les Douanes faisaient état d’une hausse des exportations à 36 913 milliards d’euros contre 35 664 milliards d’euros en novembre. Les importations sont également en légère hausse à 42,12 milliards d’euros contre 41 287 milliards en novembre. En 2014, les exportations devraient poursuivre cette tendance haussière. Euler Hermes estimait ainsi en début d’année qu’elles pourraient cette année augmenter de 1,3 % et être «le seul salut» de l’économie française dont l’activité ne devrait croître que de 0,6 %. Selon l’assureur crédit, les exportations pourraient connaître une croissance de 2,2 % entre 2014 et 2015. La demande mondiale adressée à la France augmenterait de 19 milliards d’euros, soit une hausse de 3,9 % par rapport à 2013, dont 8 milliards pour la seule zone euro (+4 %).

Le nombre d'exportateurs progresse

En 2013, le nombre total d’entreprises exportatrices a progressé de 1,2 % selon les premières estimations des douanes. Une hausse qui fait suite à celle déjà constatée en 2012. Le nombre des exportateurs avait alors augmenté de 2,6 %. Au total, la France comptait l’an dernier 120 699 exportateurs. «Une hausse qui résulte avant tout d’un afflux significatif d’entreprises entrantes, constituées en majorité de primo-exportateurs, c’est-à-dire d’entreprises qui se lancent», précisent les douanes. Elles sont ainsi près de 31 200 à s’engager à l’international en 2013 contre 29 600 en 2012. La progression est plus marquée pour les entreprises qui emploient plus de 250 salariés (+ 2,4 %) et celles employant moins de 20 salariés (+ 1,9 %). Malgré la hausse du nombre d’entreprises exportatrices, l’appareil exportateur français reste très concentré en 2013. Ainsi, 10 % des entreprises exportatrices (au sens des unités légales, c’est à dire entités juridiques identifiées par un numéro de SIREN) couvrent 95 % du montant total des exportations en 2013.

Par ailleurs, pour la première fois depuis 2009, exportations et importations sont malgré tout dans le rouge. Les exportations françaises ont ainsi reculé de 1,3 % l’an dernier, après une croissance de 3,1 % l’année précédente, précise l’étude des douanes. Le recul est prononcé pour certains biens intermédiaires (produits métallurgiques, chimie), où la baisse des quantités écoulées se conjugue à une diminution des prix. Il est aussi important pour les machines industrielles et agricoles et les véhicules automobiles. En revanche, les exportations correspondant aux points forts de la spécialisation française résistent mieux. C’est notamment le cas pour les produits pharmaceutiques, les industries agroalimentaires, les produits agricoles, les livraisons aéronautiques ainsi que certains produits de l’industrie de luxe (habillement, joaillerie et bijouterie, parfums et cosmétiques). Les opportunités de développement à l’export pour les entreprises françaises spécialisées dans ces différents domaines sont alors réelles.

Ainsi, la taille des marchés de gros et de détail en Chine devrait croître de 30 % entre 2013 et 2015, ce qui représente une hausse de 560 milliards de dollars. Parallèlement, l’augmentation prévue de 45 % du trafic aérien entre 2012 et 2017 en Asie-Pacifique offre aussi aux exportateurs français du secteur aéronautique des occasions de développer leur marché sur cette zone géographique. De même aux Etats-Unis, sur le secteur des équipements. «Aujourd’hui, aux Etats-Unis, la dynamique est telle qu’avec un coût du travail, du crédit et de l’énergie faible, le pays se réindustrialise, précise Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes. L’investissement en équipements industriels américain à horizon 2015 se compte en millions de dollars. Or, nos entreprises ont un rôle à jouer dans cette réindustrialisation : nous avons la technologie et des groupes particulièrement bien positionnés».

L’assureur crédit Euler Hermes constate également une demande en plaine expansion en Europe de l’Est dans les secteurs de l’agroalimentaire et des boissons ainsi que de l’automobile. «La France pourrait également tirer parti des carences en infrastructures du Brésil, première économie d’Amérique latine et sixième économie mondiale, ajoute Ludovic Subran. Le Brésil connaît aujourd’hui un tel problème de croissance que le pays va être obligé d’être moins protectionniste. Les entreprises françaises exportatrices ont donc une carte à jouer sur ce pays.» Enfin, l’étude d’Euler Hermes rappelle également la manne de la construction et des infrastructures jusqu’en 2022 au Qatar.

Questions à ... Evelyne Platnic Cohen, PDG de Booster Academy

Quels sont les prérequis d’un développement à l’international réussi ?

Bien que la France s’illustre notoirement sur certains marchés de pointe tels que les nouvelles technologies ou l’aéronautique, force est de constater les difficultés qu’elle rencontre pour exporter ses fleurons tels que le TGV, le Concorde ou encore le Rafale. Certes, la conjoncture économique et financière de ces dernières années ne facilite pas les démarches exportatrices ; pour autant, le problème ne viendrait-il pas aussi du manque de volonté ou de savoir-faire de la France en la matière ? La France, qui excelle en projets et innovations, ne doit cependant pas perdre de vue le ou les besoins clients. Si ses projets et innovations sont incontestablement excellents, sont-ils pour autant les meilleurs ? Avant de prétendre vendre une offre à l’international, il est important de connaître et de jauger auparavant celle de ses concurrents, mais également de comprendre parfaitement les enjeux et le business de ses clients.

Pourquoi faut-il jouer la carte du collaboratif à l’international ?

Au-delà de la compréhension du besoin client, il faut aussi savoir se vendre à l’international. Or, trop souvent en France, nous développons des technologies d’abord pour répondre à nos propres besoins – ce fut le cas du Minitel, du Rafale et du TGV – sans nous soucier par ailleurs de leur éventuel avenir à l’international. Conçues pour le marché national, il est alors d’autant plus difficile d’être convaincants pour les vendre à l’export. Pour cibler les secteurs et les marchés clés internationaux, il est également nécessaire de faire un travail en amont par le biais d’études de marchés et de lobbying, plutôt que d’attendre que les appels d’offres se manifestent d’eux-mêmes. Car attendre, c’est prendre le risque d’être en retard par rapport à nos concurrents. Une concurrence qui devient d’ailleurs de plus en plus exacerbée, les pays émergents étant désormais en mesure de nous devancer sur des marchés en pointe de la technologie.

La France manque également souvent de vision commerciale pour ses exportations. C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques des entrepreneurs français qui préfèrent «chasser» seuls. Un choix qui les dessert parfois car, lors des appels d’offres internationaux, les clients ont souvent besoin d’une visibilité sur l’ensemble de la palette des services qu’ils exigent, ce que savent parfaitement faire les Anglo-Saxons ou encore les Allemands.A l’international, il est indispensable de jouer la carte du collectif pour répondre à l’ensemble des attentes des acheteurs.

La France est-elle encore une nation influente ?

La France, tant sur le plan diplomatique, militaire, scientifique que technique et économique, dispose d’un potentiel d’influence important. Elle garde ainsi une place de choix dans les industries stratégiques de l’espace, de l’aéronautique et du nucléaire, est un leader incontesté dans les industries du luxe avec des sociétés comme LVMH et L’Oréal et possède des atouts d’avenir dans les sciences de la vie. Il ne faut pas oublier également que son positionnement géographique et son influence sur différents territoires placent la France comme deuxième plus grande zone économique exclusive du monde. Autant d’atouts exceptionnels pour le futur, à condition de se donner les moyens de la préserver et de l’exploiter. A cet effet, nos entreprises doivent aussi capitaliser sur ces influences pour se vendre à l’international.Pour réussir et gagner, il faut pouvoir instaurer un dialogue permanent avec ses partenaires et les instances représentatives du milieu concerné. Il s’agit là d’un prérequis indispensable, auquel bien sûr il faut ajouter la volonté de chacun de s’exporter, de se vendre et de susciter le désir autour de ce que nous proposons d’offrir.

Des perspectives plus favorables pour les défaillances en 2014 (- 8 %)

En 2013, les défaillances d’entreprises dans le monde ont, d’après une étude Euler Hermes, enregistré un repli limité de 3 % alors que la croissance de l’économie mondiale demeurait peu ou prou stabilisée (+ 2,3 % après + 2,5 % en 2012). En 2014, les économies nord-américaines devraient enregistrer des rythmes de croissance plus soutenus qu’en 2013 (+ 2,3 % aux Etats-Unis et + 2,6 % au Canada), ce qui devrait contribuer au repli des faillites dans la région, attendues à – 9 %. La région Asie-Pacifique, pour sa part, ne devrait connaître qu’une stabilisation de l’activité économique (+ 4,7 %), mais celle-ci serait suffisante pour afficher une nouvelle baisse de ses défaillances à – 2 %. Une tendance baissière moins importante qu’en 2013 en partie liée à la mise en place des mesures de transition économique et financière en Chine.

Pour les autres régions enfin, la tendance est moins défavorable qu’en 2013 : en Amérique latine, la stabilisation économique attendue en 2014, avec une activité bridée par les vulnérabilités financières qui demeurent, devrait néanmoins permettre une décélération des défaillances (+ 3 %). L’Europe centrale et de l’Est (– 2 %), après avoir pâti de sa dépendance à l’égard de l’Europe de l’Ouest, devrait pouvoir tirer quelques fruits du rétablissement progressif de la croissance dans cette région. En Europe de l’Ouest justement, les défaillances, après trois années consécutives de rebond, s’infléchiront (– 12 %) malgré la persistance d’un contexte toujours difficile dans quelques pays significatifs (Italie, France) et malgré, globalement, un niveau encore élevé de défaillances.

Rebond du risque à la hausse des partenaires export de la France

L’indice IDEX qui synthétise l’évolution des défaillances d’entreprises des principaux partenaires export de la France affichait en 2013 une nouvelle hausse – la sixième consécutive – établie à + 4 %. En 2014, cet indice est attendu en repli (– 11 %) grâce à des prévisions de défaillances d’entreprises globalement plus favorables en particulier pour les partenaires européens malgré des exceptions notables (Belgique, Italie, Suisse). Le risque de défaillances de contrepartie s’est en revanche accru à destination des grands pays émergents et en particulier de la Chine, du Brésil et de la Russie. «Au total, notre indice se situe presque deux fois au-dessus de son niveau d’avant crise, commente Nicolas Delzant, président du directoire d’Euler Hermes France. Autrement dit, le risque d’impayés à l’export des entreprises françaises est aujourd’hui toujours deux fois plus élevé qu’avant la crise.»

La France face aux enjeux d’un monde nouveau

«Nous savons que le monde économique a récemment basculé et que la production des pays émergents a désormais dépassé celle des pays développés. Le centre de gravité économique de notre planète s’est ainsi progressivement déplacé de l’Europe vers l’Asie-Pacifique. Cette évolution est notamment le fruit des grandes innovations technologiques de ces dernières décennies, en particulier dans le monde du transport. La révolution des transports a en effet contribué à l’abolition de la notion de distance,ce qui ne fut pas sans conséquences sur le fonctionnement de l’économie mondiale. Longtemps restée focalisée sur la production locale, l’économie planétaire s’articule désormais autour de la production de composants, de biens et de services répartis en différents points du monde pour ensuite être assemblés en un pays unique.

Vers une mutation des systèmes économiques

Cette globalisation de la production,très efficace, induit néanmoins une logique de transformation des systèmes économiques avec toutes les turbulences que cela peut entraîner. Ainsi, bien que cette globalisation ait contribué à la diminution de la pauvreté dans le monde, elle a par ailleurs fortement augmenté les inégalités. Cette croissance économique rapide n’est également pas sans conséquences sur notre environnement. Or, aujourd’hui, nous ne savons pas encore lequel de ces effets, positifs ou négatifs, l’emportera sur l’autre ni à quel prix. Et ce d’autant plus qu’Américains, Asiatiques et Européens n’ont pas les mêmes échelles de valeur. Le modèle américain se distingue par sa large part laissée aux libertés individuelles et sa grande tolérance sur les inégalités. Le modèle sino-asiatique laisse pour sa part peu de place aux libertés individuelles mais développe le sens du collectif et de la cohésion sociale. Le modèle européen, enfin, s’articule à la fois autour des libertés individuelles et d’une tolérance limitée aux inégalités.

Il faut promouvoir l’économie sociale de marché européenne.

Toute la question aujourd’hui consiste à savoir si l’Europe a suffisamment de poids sur l’échiquier mondial pour faire valoir son modèle économique.Pour défendre notre échelle de valeurs,il faudrait tendre vers une véritable union des pays européens articulée autour de l’économie sociale demarché. Une union difficile à obtenir actuellement en raison de la crise de légitimité que traversent différents pays d’Europe, amplifiée par les effets de la conjoncture économique et financière actuelle et par l’architecture même de notre monnaie unique qui,ces dernières années, a montré ses faiblesses. La défense de nos valeurs passera également par la place que la France occupera au sein de l’Europe. Or, ces dernières années, cette position de la France s’est affaiblie,en raison notamment de notre déficit budgétaire, de la montée du chômage et de la détérioration de la compétitivité de nos entreprises. Pour retrouver notre place au sein de l’Europe et contribuer à faire valoir le modèle économique du vieux continent, la France devra changer le regard qu’elle porte sur le monde et ne pas craindre de s’engager dans des réformes de profondeur.»

Encore des secteurs trop peu compétitifs

Les exportations françaises, dynamiques pour les produits de pointe, restent cependant trop peu compétitives pour ce qui concerne les marchandises moins sophistiquées. Contrairement à l’Allemagne qui a tout misé sur l’exportation de produits de niche et à très forte valeur ajoutée, relativement protégés d’une concurrence qui jouerait seulement sur les prix, la France reste très sensible à une compétition qui joue avant tout sur les étiquettes. Si sur la première décennie du XXIe siècle, la France a doublé son excédent sur les marchandises à très forte valeur ajoutée, cela n’a pas suffi à compenser la dégradation des autres composantes à savoir les marchés perdus pour les produits de moindre qualité, plus sensibles à la concurrence sur les prix, par exemple le textile ou, de plus en plus, les voitures de tourisme. Ainsi, les produits dits «de qualité» qui se vendent quel que soit leur prix, sont par exemple les produits chimiques, les avions et les trains, les métaux précieux, les appareils médicaux de pointe, les équipements des centrales électriques. A l’inverse, sont très sensibles aux prix les ventes de vêtements, de matières plastiques, de matières premières.

Questions à Jean-Baptiste Danet, vice-président de CroissancePlus, coprésident de la commission International

Comment CroissancePlus analyse la situation des entreprises françaises à l’export aujourd’hui ?

La croissance va au-delà des frontières de notre hexagone. Or, la culture entrepreneuriale française ne conduit pas les PME à se diriger spontanément vers l’export. Malgré les efforts accomplis, la part de la France dans les exportations de biens et de services de la zone euro est tombée de 17 à 13 % entre 2000 et 2012. Aujourd’hui la France compte environ 120 700 entreprises exportatrices. C’est insuffisant. Si nous souhaitons gagner la bataille de l’exportation, il faut qu’il y ait un meilleur accompagnement des PME. Nous devons donc réagir et redonner un nouvel élan à nos entreprises afin de les encourager à investir le monde, car le développement du commerce extérieur constitue un réel enjeu pour notre pays. Se développer à l’international est un axe stratégique qui ouvre des perspectives de marché variées et qui permet de grandir. 80 % des entreprises de CroissancePlus ont pris cette voie.

Quels sont les principaux freins à l’export des entreprises françaises ?

Les aides à l’export souffrent encore d’illisibilité et d’une trop grande complexité. Les faiblesses françaises à l’export sont connues et identifiées depuis des années : manque de coordination entre les différents organismes (Ubifrance, nos ambassades, les CCI, etc.), complexité des dispositifs d’aides mais aussi manque d’accompagnement personnalisé pour conseiller les entrepreneurs dans leurs démarches.

Que préconise CroissancePlus pour faciliter le développement des entreprises à l’export ?

Nous proposons chez CroissancePlus de regrouper les aides publiques liées à l’export en créant un crédit impôt export basé sur le même principe que le crédit d’impôt recherche. La mise en place de cet outil faciliterait l’accompagnement de nos entreprises désireuses de tenter l’aventure de l’international. Enfin, une entreprise qui exporte est une entreprise qui grandit et dont les recettes fiscales à la hausse suffiraient à rendre les dispositifs d’aide rentables pour les pouvoirs publics. Nous souhaitons pousser nos entreprises à aller voir hors de nos frontières et cela tout en instaurant une relation de gagnant-gagnant avec l’Etat. C’est l’avenir de notre compétitivité qui est en jeu alors encourageons chacun de nos entrepreneurs à investir le monde.

Les entreprises de taille intermédiaire tirent la croissance des exportations françaises

Sur la base des données statistiques des douanes, 3 900 exportateurs en 2012 sont des entreprises de taille intermédiaire (ETI), au sens de la loi de modernisation de l’économie, qu’il s’agisse de groupe français ou étrangers. Les ETI exportatrices représentent seulement 4 % du nombre des entreprises exportatrices mais réalisent un tiers du chiffre d’affaires à l’exportation des biens. Les groupes français (2 700 au total) correspondent à 69 % des ETI exportatrices mais à seulement 43 % des montants exportés. Ils sont fortement internationalisés au regard des 1 700 d’entre eux qui ont au moins une filiale implantée hors du territoire français (enquête Outward FATS 2010, Insee). Selon la source Esane de l’Insee, trois ETI sur quatre exportent des biens ou des services, soit une proportion nettement supérieure à celle des PME (un tiers seulement). De plus, le taux d’exportations (19 %) défini par le rapport entre le chiffre d’affaires à l’exportation et le chiffre d’affaires total, est proche de celui des grandes entreprises (21 %) mais deux fois plus important que celui des PME (10 %).

Les ETI exportatrices de biens se concentrent essentiellement dans le secteur industriel. La moitié d’entre elles ont une activité principale dans l’industrie. Un peu plus du tiers des ETI relève du secteur du commerce et représente le quart des effectifs salariés et 17 % du montant des exportations. Enfin, les ETI relevant du secteur agricole ne contribuent que de façon marginale aux exportations françaises. Une analyse à un niveau plus détaillé de la nomenclature montre la prépondérance des ventes des ETI dont l’activité est le commerce de gros (14 % au total). Dans l’industrie, les trois premiers secteurs exportateurs sont la fabrication de machines et équipements (12 %), la chimie (10 %) et les industries agroalimentaires (IAA) hors boissons (8 %). Viennent ensuite sur la construction automobile (5 %) et l’industrie pharmaceutique (5 %). Les exportations automobiles sont surtout dominées par les grandes entreprises qui pèsent trois fois plus que les ETI. Il en va de même pour l’aéronautique, où le poids des grandes entreprises est écrasant. Mais hors matériel de transport, la valeur des exportations des ETI industrielles dépasse celle des grandes entreprises (101 milliards d’euros contre 94 milliards).

Enfin, l’Union européenne est le principal marché à l’exportation des ETI. Elle absorbe 63 % des exportations des ETI, soit un poids voisin de celui observé pour les PME et les micro-entreprises (67 % vers l’UE) mais supérieur à celui des grandes entreprises (53 %). A cet égard, les ETI se rapprochent davantage des PME et des micro-entreprises que des grandes entreprises, plus aptes à se projeter vers les marchés lointains. Hors Union européenne, l’Asie et l’Amérique (à 9 % chacune) sont les deux premières destinations des ventes des ETI. Par ailleurs, les pays émergents représentent 10 % des exportations des ETI, contre 7 % de celles des PME et micro-entreprises. Cette proportion est cependant très inférieure à celles des grandes entreprises (17 %).«Entre une demande intérieure atone et un investissement en repli, l’export apparaît aujourd’hui comme le seul véritable salut de l’économie française», analyse Ludovic Subran, chef économiste d’Euler Hermes. Cependant, aujourd’hui, une entreprise n’investira que lorsqu’elle verra un marché. Or, c’est vraiment l’investissement qui est le chaînon manquant d’une reprise plus franche en France. Les entreprises vont donc devoir chercher des relais pour leurs ventes. Des relais qui mécaniquement sont à l’export.

Questions à Thierry Millon, directeur des études chez Altares-D & B

Pourquoi le risque pays est-il un véritable enjeu pour les entreprises exportatrices ?

Le risque pays, apparu comme un risque politique avec ses composantes risque souverain et risque de transfert, semble s’être diversifié avec les crises financières récentes (Asie, Russie, Brésil). De manière schématique, les crises apparaissant sur les marchés financiers se transmettent aux systèmes bancaires, dont les difficultés affectent à leur tour l’économie réelle. Deux phénomènes ont particulièrement contribué à accroître la dimension globale du risque pays ces dernières années : d’un côté, l’évolution de l’environnement financier international et les stratégies de diversification de portefeuille ont favorisé l’augmentation de la part des risques internationaux dans les bilans des banques occidentales ; de l’autre, la fragilité structurelle de certains systèmes financiers des pays émergents est susceptible de constituer un terrain favorable à l’accumulation de risques élevés dans les bilans bancaires locaux. Par ailleurs, l’abondance et la circulation rapide des capitaux peuvent être sources de volatilité importante des marchés. Enfin, des débats existent sur les éventuels effets amplificateurs des normes prudentielles en cas de crise.

Quelles sont les conséquences de ces risques sur les entreprises exportatrices ?

En effet, une entreprise qui travaille avec un pays qui, du jour au lendemain, décide de ne plus laisser sortir ses devises, ne sera pas payée, même si son client est solvable. Il arrive ainsi que certaines entreprises aient des relations historiques avec un ou plusieurs clients étrangers mais que la situation économique ou politique du pays où ils se trouvent entrave du jour au lendemain les conditions de règlement voire l’intégralité du paiement des factures. Dès lors qu’une entreprise cherche un client à l’étranger ou envisage de s’installer à l’international, la mesure du risque pays est l’une des premières démarches à mener.

Comment se prémunir contre ce risque ?

Au-delà du seul réflexe d’assurer son risque d’impayé client, généralement installé chez les entreprises exportatrices et particulièrement celles de grande taille, il faut désormais et plus que jamais, au regard de l’environnement économique, politique et budgétaire, que les entreprises pensent en termes de risque pays avant de penser en termes de risque client. Notons par exemple que sur les 132 pays évalués en permanence par le réseau D & B, 93 sont en ce début d’année 2014 toujours moins bien classés qu’avant crise. 55 ont même été déclassés d’au moins trois quartiles. Les rapports détaillés de chacun de ces pays sont la clé d’accès à l’international. C’est vrai pour les exportateurs mais aussi pour les investisseurs, d’autant que les acteurs raisonnent beaucoup mondialisation plus qu’exportation. La question est alors de bien connaître les territoires dans lesquels s’installer ou racheter une entreprise, avant de pouvoir identifier les structures à racheter ou à accompagner au capital. En effet, la présence sur place est l’alternative de plus en plus largement envisagée par les entreprises au tempérament résolument offensif à l’international.

Questions à Agnès Arcier, présidente-directrice générale d’Adetef

Qu’est-ce qu’Adetef ?

Adetef est l’agence publique de coopération technique internationale des ministères économiques et financiers au sens large, y compris ceux en charge du développement durable et de la réforme de l’Etat. La principale mission d’Adetef consiste à partager l’expérience publique française en matière économique et financière avec les pays partenaires. Pour cela, l’agence mobilise les meilleurs experts de Bercy et du ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, ainsi que de très nombreux organismes publics, parfois complétés d’une expertise privée, parmi un vivier de plus de 4 000 praticiens. A travers nos différentes actions, nous amenons ces pays à enrichir leurs politiques publiques et à mettre en œuvre leurs réformes administratives. Cela passe par de la coopération bilatérale, sur financement français ou du pays partenaire. Mais nous répondons aussi à des appels d’offres internationaux financés par les bailleurs tels que la Banque mondiale et l’Union européenne. Parmi les thèmes originaux d’actions, Adetef a fait de la formation des cadres un axe fort afin d’accompagner au mieux les administrations en transition. Elle a par exemple appuyé la mise en place d’Instituts des finances en Serbie, au Liban, en Jordanie, en Côte d’Ivoire et dans les Territoires palestiniens.

Quelles sont les zones d’intérêt prioritaires d’Adetef et de la France ?

Adetef concentre ses activités selon les orientations d’un plan stratégique 2013-2015 qui s’inscrit dans le cadre de l’action extérieure de la France, avec des priorités dans le Bassin méditerranéen, où la demande d’expertise publique a redoublé suite au Printemps arabe et en Afrique subsaharienne où de nombreux défis restent à relever malgré le dynamisme économique. Elle intervient également dans les Balkans, en Europe de l’Est, en Asie et en Amérique latine selon les besoins spécifiques des pays.

En quoi Adetef contribue-t-elle au développement des échanges internationaux ?

Adetef contribue à l’internationalisation des échanges internationaux directement et indirectement. Par exemple, nous aidons les pays partenaires de la France à développer leurs politiques publiques permettant d’accéder au marché économique mondial. Nous sommes ainsi amenés à travailler avec eux sur l’adaptation de leurs normes aux standards internationaux en Azerbaïdjan, sur la propriété intellectuelle au Vietnam, sur leurs actions de lutte contre la fraude ou les contrefaçons en Afrique et dans les pays du Caucase ou encore sur leurs politiques douanières pour faciliter les échanges, etc. Autant de démarches qui leur permettent ainsi de s’ouvrir davantage au commerce mondial et donc, à nos entreprises françaises. De même Adetef accompagne ces pays dans la formation de leur cadre législatif, réglementaire et administratif, notamment pour qu’il soit favorable aux investissements étrangers. Par exemple, la France dispose d’un savoir-faire reconnu en matière de partenariats public-privé, notamment avec le modèle des concessions. Nous opérons un transfert de compétences sur le sujet auprès des administrations partenaires de la France, en aidant par exemple à mettre en œuvre une unité centrale de gestion des projets en partenariat public-privé (PPP), ce qui permet ensuite au tissu économique français de proposer des projets concrets en la matière.

Nous aidons également indirectement nos partenaires par la constitution d’un Etat de droit solide, sans lequel il ne pourrait y avoir de tissu économique pérenne. Notre mission consiste alors à les accompagner dans la structuration de leur système financier et juridique et dans sa stabilisation sur le long terme. Par exemple, nous aidons la Tunisie à mettre en place un système budgétaire cohérent, fonctionnant par objectifs, nous accompagnons la République centrafricaine dans la gestion des finances publiques, en aidant le pays à se doter d’une agence du Trésor. La formation continue des cadres de l’administration constitue un angle fort de la coopération d’Adetef, afin de pérenniser la mise en place de politiques publiques dans les domaines précédemment cités. Nous avons ainsi appuyé la création et le développement d’Instituts des finances dans cinq pays, notamment en Côte d’Ivoire, à la demande du ministre ivoirien en charge des Finances, et dans les Territoires palestiniens.

Quelle est la déontologie de l’Adetef ?

Adetef ne s’interdit aucun thème d’intervention dans les domaines économiques et financiers. Nous recherchons toujours les meilleurs experts publics spécialisés en la matière et n’hésitons pas à unir des compétences des secteurs public et privé dès lors que cela s’avère nécessaire. Pour chacun des appels d’offres auxquels nous répondons, nous cherchons d’ailleurs à favoriser aussi bien nos partenaires privés français que publics. En 2013, nous avons par exemple conclu un accord avec Syntec-Ingénierie, syndicat professionnel qui regroupe les entreprises françaises conduisant des projets d’assistance technique dans différents domaines, prévoyant notamment d’échanger des informations amont sur les projets et de constituer autant que possible des partenariats. Enfin, nous informons régulièrement les partenaires privés, tels que les fédérations professionnelles notamment, sur les projets de coopération que nous menons à bien et qui peuvent les intéresser.

Parole d'Expert : Eric-Jean Thomas, senior partner, Thomas, Mayer et Associés, avocats

Pouvez-vous nous présenterThomas, Mayer et Associés ?

Thomas, Mayer et Associés est un cabinet d’avocats français créé à HongKong il y a 19 ans. Notre spécificité repose sur notre implantation locale à Hong Kong et la densité de notre réseau dans toute la région. Environ 25 collaborateurs travaillent à notre bureau de Hong Kong. Notre bureau parisien est pour sa part une filiale de notre structure de Hong Kong. Thomas, Mayer et Associés a pour vocation de gérer la «migration économique» des sociétés françaises qui travaillent ou souhaitent s’implanter en Asie du Sud-Est (Chine, Thaïlande, Vietnam, Malaisie,Indonésie, etc.).

Pourquoi avez-vous opté pour une implantation à Hong Kong ?

Eric-Jean Thomas : En qualité de région administrative spéciale de la Chine, Hong Kong bénéficie d’une infrastructure juridique, judiciaire,économique et financière indépendante particulièrement adaptée à la vie des affaires. Hong Kong est véritablement la plateforme économique et financière de la région et la principale porte d’accès à la Chine. Au moins 60 % des investissements étrangers en Chine,et des investissements en provenance de la Chine dans le monde, passent aujourd’hui par la place financière de Hong Kong qui est également le hub de convertibilité de la devise chinoise hors de Chine.

Comment Thomas, Mayer et Associés accompagne le développement des entreprises françaises dans le Sud-Estasiatique ?

A l’évidence, la Chine est un marché très porteur pour les entreprises françaises, d’autant plus depuis que son marché intérieur de la consommations ’est ouvert aux investissements étrangers. Pour vendre en Chine, nombreuses sont ainsi les entreprises qui passent par Hong Kong. Elles ont à cet effet besoin d’être accompagnées, notamment pour constituer la structure juridique de leur activité locale. Une démarche pour laquelle nous mettons à leur disposition l’ensemble de notre expertise juridique et notre expérience en matière de règles bancaires, de droit des sociétés, de réglementation des investissements étrangers en Chine et dans la région. Enfin, nous travaillons en étroite collaboration avec l’ensemble des organismes publics français qui accompagnent les entreprises dans leur internationalisation. Nous sommes par exemple, les Avocats Conseils du Consulat général de France à HongKong.

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