Flotte automobile

Vers des solutions de mobilité étendues

Publié le 20 octobre 2017 à 10h40    Mis à jour le 27 juillet 2021 à 11h22

Anne del Pozo

Si la maîtrise des coûts et les impératifs écologiques constituent toujours les principaux enjeux des gestionnaires de parcs en entreprise, ces facteurs les incitent également de plus en plus à se pencher sur la notion de «mobilité» au sens large des collaborateurs. Une réflexion d’autant plus impérieuse dans le cadre de la mise en place du plan de déplacement entreprise (PDE), mais également au vu de l’évolution des usages en matière de mobilité, qui fait la part belle à l’économie de partage.

Chaque année, les véhicules d’entreprises voient leur écosystème évoluer. Fiscalité, réglementation, contraintes environnementales apportent régulièrement leur lot de nouveautés parfois contradictoires. 2017 n’aura pas dérogé à la règle. «Aujourd’hui, la réglementation et la fiscalité (bonus/malus, TVS) favorisent les motorisations diesel, qui émettent moins de CO2, que les essences, ajoute Bernard Fourniou, président de l’Observatoire du véhicule d’entreprise (OVE). D’autre part, la fiscalité sur le diesel, avec une TVA déductible à 80 % sur les VP et à 100 % sur les VUL, incite toujours les décisionnaires à équiper leur parc en motorisation diesel. Néanmoins, force est de constater que depuis quelques mois la chasse au diesel, plus nocif que les moteurs à essence sur le plan sanitaire, est résolument lancée : mise en place de la vignette Crit’Air au début de l’année, déductibilité progressive sur une période de cinq ans de la TVA sur l’essence pour les véhicules d’entreprises, interdiction pour les véhicules de circuler dans certaines grandes villes à partir de 2020. Pour le moment, cette contradiction est complexe à appréhender pour les entreprises, qui doivent arbitrer entre diesel et essence.» Il est cependant nécessaire qu’elles se penchent sur la question du choix des énergies aujourd’hui. En effet, la plupart d’entre elles (67 %) optent pour la location longue durée pour le financement de leur flotte, s’engageant alors au minimum sur des périodes de 36 mois. Dans trois ans, il ne fait nul doute que réglementation et fiscalités ne seront plus aussi avantageuses qu’aujourd’hui pour les véhicules diesel.

Cette réflexion est également l’occasion pour les entreprises de se pencher sur les usages des véhicules de leur parc et d’envisager, pourquoi pas, la mise en place de nouvelles solutions de mobilité. D’autant que les jeunes générations entretiennent de nouveaux rapports à l’égard de l’automobile et de la mobilité en général. Adeptes de l’économie de partage et fervents utilisateurs des «services à la demande» (autopartage, covoiturage, etc.), ils sont davantage ouverts à la diversité des solutions de mobilité mises à leur disposition que leurs aînés, dont la plupart restent pour leur part attachés à leur véhicule statutaire. «Les nouveaux entrants sur le marché du travail vont être davantage sensibles à la praticité des solutions de mobilité que leur employeur leur propose, qu’à la possession d’un véhicule de fonction, souligne Bernard Fourniou. Ils privilégient les usages sur la propriété.» Pour autant, selon l’étude Insee sur le «mode de transport des travailleurs en 2015», la voiture reste le principal mode de transport des actifs en France. Sept Français sur dix l’utilisent tous les jours pour aller travailler alors que seuls 2 % d’entre eux vont travailler à vélo et 6 % à pied. Même pour les trajets les plus courts, inférieurs à 1 km, cinq actifs sur dix y ont recours.

PDE : contrainte ou opportunité ?

Face à ces enjeux mais également aux usages et habitudes des collaborateurs de l’entreprise, le plan de mobilité entreprise (PDE) arrive à point nommé. Obligatoire pour les sites de plus de 100 salariés à compter du 1er janvier 2018, il va permettre de faire avancer les réflexions sur la mobilité globale des collaborateurs. «Le PDE est notamment une véritable opportunité de revisiter les solutions de déplacement utilisées dans l’entreprise et d’introduire de nouvelles formes de mobilité, dont l’autopartage, le covoiturage, le vélopartage, etc.», ajoute Bernard Fourniou. D’autant que les technologies nécessaires à la mise en place de ces solutions alternatives arrivent désormais à maturité.

L’autopartage porté par les usages personnels

Parmi les nouvelles solutions de mobilité, l’autopartage est très certainement l’une des plus abouties à ce jour. Il a d’ailleurs connu ces dernières années une croissance très forte et dispose d’un potentiel de développement important. A ce jour, selon le ministère de la Transition écologique et solidaire, 5 % des Français ont recours à l’autopartage. Un taux de pénétration qui grimpe à 11 % en région parisienne et à 20 % dans Paris intra-muros. Cette forte percée parisienne est notamment portée par l’engouement des citadins pour Autolib’ qui a offert une formidable vitrine aux vertus de l’autopartage. La plupart des grandes villes françaises disposent d’ailleurs aussi de ce type de service : Bordeaux, Nantes, Lyon, Lille, Marseille, Strasbourg. A la fin 2016, Autolib’ comptait 4 000 véhicules électriques en circulation, 1 100 stations et 6 300 bornes réparties dans Paris et près de 100 communes et 320 000 abonnés.

De plus en plus utilisé à des fins personnelles, l’autopartage commence également à se pratiquer dans certaines grandes entreprises. Dans son baromètre annuel réalisé avec l’institut CSA, l’OVE constate que l’autopartage gagne effectivement du terrain parmi les gestionnaires de parcs. La part des entreprises ayant mis en place cette solution de mobilité pour les collaborateurs est en effet passée de 15 % en 2012 à 22 % en 2016. Quant aux perspectives de déploiement de l’autopartage à trois ans, elles semblent prometteuses avec 43 % de gestionnaires de parc français qui parient sur son développement (contre 31 % dans le reste de l’Europe). Et pour cause, l’autopartage génère, pour l’entreprise, de nombreux bénéfices. Il réduit en effet la dépendance à la voiture et favorise le report vers d’autres modes de mobilité, contribuant ainsi à la baisse de la consommation d’énergie et des émissions de polluants. En outre, il libère de l’espace urbain utilisé auparavant pour le stationnement des véhicules. Ainsi, en 2016, une voiture en autopartage remplace cinq voitures personnelles et libère quatre places de stationnement. Pour les entreprises, cela peut se traduire par des économies sur les places de parking (de 5 000 à 15 000 euros en province) mais aussi sur les coûts flotte.

Le covoiturage en entreprise

Le covoiturage pour sa part, s’il est en plein essor dans les pratiques personnelles, reste compliqué à mettre en place dans les entreprises, «notamment au regard des contraintes qu’il pose en termes d’horaires, souligne Bernard Fourniou. Pour autant, il offre, à l’instar de l’autopartage, de nombreux avantages. Les entreprises peuvent limiter les places de parking, contribuer à la diminution des émissions de CO2 tout en renforçant le lien social entre ses salariés et en améliorant son image. En outre, en France, le covoiturage est indemnisé dans la limite du barème fiscal kilométrique. Un entrepreneur qui fait appel à ce système peut donc bénéficier de mesures collectives comme les plans de mobilité.

Si l’autopartage et le covoiturage sont les solutions de mobilité les plus plébiscitées par les entreprises aujourd’hui, d’autres, à l’instar du vélopartage ou du crédit mobilité, commencent également à être étudiées. Néanmoins, leur optimisation passera par leur intégration dans un plan global de mobilité.

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