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Entreprises en difficulté - L’art délicat des reprises à la barre

Publié le 7 juillet 2023 à 12h10

Arnaud Lefebvre

Corollaire de l’envolée des cas de défaillances depuis plusieurs mois, le nombre d’entreprises à racheter à la barre des tribunaux de commerce va croissant. Pour les candidats à l’acquisition, de telles opérations présentent l’avantage de ne pas avoir de passif à reprendre et de pouvoir choisir les actifs qu’ils souhaitent racheter. Mais entre les délais restreints pour construire et financer une offre et la nécessité de garder mobilisés les salariés et les partenaires commerciaux de l’entité reprise, la tâche est loin d’être simple.

Entre la conception et l’impression des cahiers de révision pour l’été, la préparation et l’organisation des stages de « vacances scolaires » en juillet et août pour les élèves du CM1 à la terminale, ou encore la planification des cours particuliers, les dernières semaines ont été intenses pour les dirigeants de Cours Legendre, Naël Hamameh et Jean de La Porte. Leur charge de travail a été d’autant plus grande que ces deux entrepreneurs n’ont repris qu’en début d’année ce spécialiste quasi quinquénaire du soutien scolaire, qui plus est dans un contexte particulier. « Après avoir revendu LeCiseau, une plate-forme de réservation à destination des professionnels de la coiffure que nous avions créée en 2016, nous souhaitions avec mon associé nous lancer dans un nouveau projet dans le secteur de l’éducation, raconte Jean de La Porte. C’est en discutant avec des avocats fin 2022 que nous avons appris que Cours Legendre venait d’être placé en redressement judiciaire, et était à vendre. » En concurrence avec quatre candidats, dont le mastodonte Acadomia, Naël Hamameh et Jean de La Porte ont vu leur offre de reprise être retenue fin janvier par le tribunal de commerce de Paris, convaincu par le prix proposé – 120 000 euros pour l’actif et 1,5 million d’euros d’investissement pour relancer la marque –, le maintien de la vingtaine de salariés et le projet des deux compères, qui inclut un large volet digital.

«Avant de formuler notre offre, nous avons interrogé plusieurs familles parmi les clients, dans l’idée de mesurer leur attachement à la marque. »

Jean de La Porte Co-CEO ,  Cours Legendre

Les défaillances de PME-ETI s’envolent

  • Sous l’effet du « Quoi qu’il en coûte », le nombre de défaillances d’entreprises françaises avait plongé en 2020 (- 39 % sur un an), avant de se stabiliser à des niveaux historiquement bas l’année suivante. Depuis début 2022, il s’inscrit toutefois en hausse continue et sensible, en raison de l’arrêt progressif des aides publiques et de la dégradation de l’environnement économique et financier. Entre juin 2022 et mai 2023, 47 231 cas de cessation de paiements ont ainsi été enregistrés par la Banque de France, contre 32 401 un an plus tôt. Avant la pandémie de Covid-19, la moyenne annuelle s’établissait à 59 342.
  •  Cette normalisation graduelle se reflète dans l’activité des tribunaux de commerce. Lors des trois premiers mois de l’année, 14 317 procédures collectives ont été ouvertes d’après Altares, un chiffre en progression de près de 44 % par rapport au premier trimestre 2022. Les instructions retrouvent désormais des niveaux d’avant-crise, constate ainsi le cabinet. Phénomène plus inquiétant, 10 730 liquidations judiciaires directes ont été prononcées sur la période (+ 41,9 % sur un an), un record depuis 2017. Autre évolution préoccupante à l’aune de son impact économique et social, les défaillances touchent aujourd’hui un nombre croissant de PME et d’ETI. Altares a en effet comptabilisé 1 125 défaillances de PME-ETI entre janvier et mars, du jamais-vu depuis 2015 !

Des dossiers plus dégradés

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