Entretien avec Laure Châtillon, associée responsable de l’activité Evaluation et Modélisation chez PwC France et Maghreb.
Vous avez analysé les primes d’acquisition qu’acceptent de payer les acheteurs de parts minoritaires ou majoritaires de sociétés, dans le cadre d’offres publiques d’achat. Comment ces primes ont-elles évolué par rapport à votre dernière étude, portant sur des données jusqu’en 2017 ?
L’enseignement principal de notre étude, qui porte sur les données jusqu’au 31 décembre 2022, c’est qu’en dépit des mouvements du marché boursier, d’une volatilité accrue, la prime moyenne n’a pas vraiment changé par rapport à notre dernière analyse, réalisée en 2017. La prime d’acquisition, qui correspond précisément à l’écart de prix entre le cours de Bourse constaté avant que naisse la rumeur de rachat et l’opération effective, est restée stable, à 27 % en moyenne. Le volume de transactions ne semble pas avoir d’impact sur le niveau de cette prime. Cette stabilité n’est pas synonyme d’inertie de la part des investisseurs, bien au contraire. Nous avons en effet établi que la corrélation entre le marché boursier et la prime moyenne d’acquisition était négative. Très concrètement, quand les marchés baissent, la prime augmente, et réciproquement. Cela incite à penser qu’elle est relativement indépendante des conditions macroéconomiques et géopolitiques qui concourent à la formation du cours de Bourse. La prime apparaît donc comme un élément assez constant. On peut donc supposer que les acheteurs de blocs de contrôle ne se reposent pas que sur les cours de Bourse pour déterminer le prix qu’ils sont prêts à payer, mais qu’ils effectuent un véritable travail d’analyse de la valeur intrinsèque de la société, indépendamment des marchés. Cette pratique est plutôt bon signe.