Après celles des green bonds, les émissions de sustainability linked bonds (SLB) se développent rapidement. Mais ces instruments font déjà l’objet de critiques, en raison de la faiblesse de leurs exigences environnementales. En intégrant progressivement des objectifs liés au scope 3, ils deviennent plus ambitieux, mais leur mise en place devient en parallèle plus complexe.
Il y a quatre ans, le géant italien de l’énergie Enel réalisait la première émission obligataire dite « sustainability-linked bond » (SLB), d’un montant d’1,5 milliard à maturité 5 ans, avec un coupon fixé à 2,65 %. Depuis, ces émissions liant le taux d’intérêt d’un emprunt à des objectifs de performance durable se sont multipliées sur le marché obligataire. « Ils permettent d’ouvrir la finance durable à un nombre beaucoup plus conséquent d’émetteurs, affirme Lotta Marchal, senior manager sustainability financing pour Ethifinance, conseiller en investissement durable et agence de notation extra-financière. Car contrairement aux green bonds ou aux social bonds, obligatoirement fléchés vers des projets verts ou sociaux, ils financent les besoins généraux de l’entreprise, tout en augmentant ses exigences en matière d’ESG. » Toutefois, alors que le volume des émissions de SLB s’inscrit en forte hausse – passant de 4,8 milliards d’euros levés au 1er trimestre 2021 en Europe à 16,3 milliards en 2022 sur la même période – ce nouvel instrument n’échappe pas aux critiques. D’aucuns reprochent en effet aux émetteurs l’impact trop faible des bonus/malus mis en place sur le taux d’intérêt… mais c’est avant tout le manque d’ambition dans les objectifs annoncés qui provoque le plus de réactions.
«Lorsque le scope 3 représente plus de 40 % de l’empreinte carbone d’une entreprise, il est nécessaire d’avoir au moins un objectif de réduction d’émissions sur ce scope. »
Des émissions difficiles à appréhender
Alors que la grande majorité des SLB ciblent des réductions d’émission de CO2, certains émetteurs se focalisent en effet sur une part trop faible de leur bilan carbone pour mesurer ces baisses, et...