(AOF) - Trois statistiques économiques françaises ont été publiées ce matin et elles pointent unanimement en direction d’une dégradation de la conjoncture française. L’économie hexagonale s’est ainsi contractée de 0,2% au premier trimestre alors qu’une stabilité avait initialement été annoncée, a indiqué l’Insee. L’institut de statistique a en outre abaissé de 0,2 point à 6,8% la progression du PIB l’année dernière.
Cette double mauvaise nouvelle engendre une révision marquée de l'acquis de croissance pour 2022, c'est-à-dire l'évolution du PIB cette année si l'économie restait stable au cours des prochains trimestres. Cet acquis s'élève désormais à l'issue du premier trimestre à 1,9 %, contre 2,4 % lors de l'estimation précédente.
Or les perspectives de la France ne sont pas bonnes. Confrontés à une forte inflation, les Français réduisent leur consommation de biens. Elle a diminué de 0,4% en avril après -1,4 % en mars (chiffre révisé de -1,3%). Les économistes tablaient sur +0,8%.
Et l'inflation ne cesse d'accélérer. Sur un an, l'indice des prix à la consommation harmonisé augmente de 5,8 % en mai, après +5,4 % en avril, selon une estimation provisoire. L'inflation était attendue à 5,6% par les économistes. " Cette hausse de l'inflation serait due à une accélération des prix de l'énergie, des services, de l'alimentation et des produits manufacturés ", explique l'Insee.
Ce chiffre et ceux des inflations espagnole et allemande dévoilées hier, également plus fortes que prévu, mettent la pression sur la Banque centrale européenne pour qu'elle resserre sa politique monétaire. D'autant plus que dans le même temps, le pétrole ne cesse de monter. Le Brent gagne 1,51% à 123,56 dollars à la suite de la décision de l'Europe de mettre fin aux importations de pétrole russe à 90% d'ici la fin de l'année.
La BCE va remonter ses taux
" Les derniers chiffres d'inflation de mai, en France et dans les autres pays, confirment une hausse que nous prévoyions, et la nécessité d'une normalisation monétaire progressive mais résolue. Nous devrions la décider lors de notre Conseil des gouverneurs la semaine prochaine " a ainsi déclaré le président de Banque de France, François Villeroy de Galhau, dans un discours devant l'ACPR, l'organe de supervision français de la banque et de l'assurance.
Du fait de cette perspective, les rendements des taux longs se tendent. Le taux du 10 ans allemand, qui sert de référence en Europe, est monté jusqu'à 1,09% ce matin. Pour leur part, les Bourses européennes accusent le coup, le CAC 40 perd 0,52% et le Dax 40, 0,48%.