(AOF) - " Orpea va rester coté en Bourse "; " nous porterons la moitié du risque de l’opération sinon ça nous couterait deux fois plus cher ». " Le niveau de risque de cette opération est assez élevé " mais il faut donner la priorité absolue aux résidents », « c’est le rôle de la CDC de prendre ce risque là ". C’est ce qu’a déclaré Eric Lombard, directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations, invité à s’exprimer devant la Commission des finances de l’Assemblée nationale, le 14 juin 2023 au sujet de l’ " opération de recapitalisation " d’Orpea.
" Nous ne prélèverons pas de dividendes pendant au moins trois ans" car "la priorité c'est de rétablir l'exploitation, la qualité des soins ", annonce Eric Lombard, qui se réclame d'un " capitalisme éthique ".
Répondant aux inquiétudes du député LFI Michel Sala devant une restructuration qui se ferait " au détriment des actionnaires ", le directeur général souligne que les actionnaires historiques ont laissé cette société " être très endettée", " avoir une surexposition à l'immobilier " et " se développer de façon non maitrisée " avec " 1000 implantations dans le monde, en Chine, en Lettonie en Colombie". Pour lui, "ce développement a été validé par les actionnaires anciens", il a été " suffisant à mettre la société en difficulté " .
" Aujourd'hui la valeur de l'entreprise est négative, les actionnaires ont des droits qui sont très réduits, par euphémisme " a ajouté Eric Lombard. " Les actionnaires ont pris des risques comme n'importe quel acteur ", a abondé Alexandre Holroyd, président de la commission de surveillance de la Caisse, estimant que "le devoir de surveillance qui leur est consubstantiel leur a fait gravement défaut ".
A une question de la députée LR Véronique Louwagie sur la valorisation d'Orpea, Eric Lombard a répondu que si la valeur de l'entreprise avait été plus élevée, " il y aurait eu des propositions alternatives, et les actionnaires non sécurisés n'auraient pas consenti à un abandon de créance de 70% sur 3,8 milliards ". Pour lui " la réponse n'est pas dans les techniques intellectuelles d'évaluation , elle est dans la réalité de cette opération telle qu'elle se déroule sous nos yeux : ici la concurrence (entre différentes offres de reprise) on ne l'a pas trouvée ".
" Si jamais cette opération se faisait, car aujourd'hui la CDC n'a pas une seule action Orpea ", ce serait pour " redresser " l'entreprise, " créer ce modèle économique " et " stabiliser l'acteur , " s'assurer qu'il remplit pleinement sa mission auprès du public ", a conclu Alexandre Holroyd.