BCE : toutes fenêtres ouvertes !

Publié le 16 octobre 2013 à 9h30    Mis à jour le 26 août 2014 à 10h41

Didier Borowski

Le crédit bancaire continue de reculer en zone euro. Pas seulement en raison d'une demande faible. Dans les pays du sud de la zone euro, les PME ont des taux de crédit très supérieurs à ceux des pays du coeur et des taux de rejet de demande de prêts plus élevés que les grandes entreprises, ce qui s'explique par la crise bancaire (coûts de financements plus élevés, leverage trop important).

Or, avec le remboursement des opérations de refinancement à très long terme (VLTRO), la BCE est la seule grande banque centrale dont la taille du bilan diminue, ce qui menace de faire repartir les taux monétaires à la hausse. La contagion des taux américains aux taux européens entre mai et septembre a permis de tirer la sonnette d'alarme. Les tensions obligataires se sont certes apaisées avec le statu quo de la Fed, mais insuffisamment. Et le crédit peut en pâtir. Pour s'assurer que les taux ne remontent pas, M. Draghi martèle que toutes les options sont sur la table. Dit autrement, un nouveau VLTRO, une baisse du taux refi ou encore un taux de dépôt négatif sont possibles.

Un VLTRO serait le bienvenu à plus d'un titre. Il permettrait de prémunir la zone euro contre des tensions sur les banques (en cas de besoins de recapitalisation élevés) ou encore sur le souverain, en donnant les moyens aux banques de continuer d'acheter des emprunts d'Etat. Par ailleurs, il bénéficierait au marché du crédit à court terme (en reportant loin dans le temps le risque d'une remontée des taux) et contribuerait à dégripper le canal du crédit bancaire. Enfin, en augmentant le bilan de la BCE, il permettrait d'affaiblir l'euro dont le niveau (1,36 dollar) devient préoccupant. Reste à savoir si la BCE est prête à devenir plus proactive que réactive.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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