Expertise/Private equity

L’ouverture de l’épargne retraite au private equity

Publié le 11 décembre 2023 à 8h30

Allure Finance    Temps de lecture 5 minutes

Initialement réservé à une clientèle institutionnelle ou fortunée, le private equity tend à se démocratiser ces dernières années, offrant ainsi au particulier une nouvelle possibilité de s’emparer de cette classe d’actifs et de l’intégrer dans une stratégie d’épargne, de retraite et de capitalisation.

Par Jean-François Fliti, associé, Allure Finance

Quatre ans après la mise en place du PER (plan d’épargne retraite) et de la loi Pacte, les premières études chiffrées montrent que le déploiement du nouveau PER est un véritable succès : plus de 7 millions de personnes l’ont contracté, ce qui correspond au double des attentes. Les encours s’élèvent à 70 milliards d’euros fin 2022, contre un objectif initial de 50 milliards. Cette dynamique concerne aussi bien les PER d’entreprise (collectifs et obligatoires) que les PER Individuels.

L’épargne salariale joue un rôle important dans la répartition des encours même si le dispositif en lui-même reste peu répandu dans les entreprises (en particulier dans les petites entreprises) malgré les incitations créées pour le rendre attractif : 45 % des grandes entreprises (500 salariés et plus) proposent un dispositif d’épargne salariale mais seules 6 % des PME (entre 10 et 249 salariés) et 29 % des ETI (entre 250 et 499 salariés) en sont équipées.

Bien que le niveau d’équipement d’épargne salariale soit faible, la prise de conscience des Français sur la nécessité de préparer leur retraite joue favorablement sur la mise en place future de ces outils, d’autant que la crise grave et sans précédent que traverse l’immobilier pousse les citoyens à envisager d’autres moyens de se constituer un patrimoine. En effet, les prix amorcent une baisse significative en province comme à Paris sur presque tous les segments (bureau, commerce, résidentiel et logistique), aboutissant à une sensation d’appauvrissement des propriétaires.

L’une des difficultés pour développer les produits d’épargne collectifs réside dans la complexité de ces dispositifs, en particulier pour les TPE et les PME : ils sont nombreux, nécessitent souvent un accord interne avec des représentants du personnel, supposent une certaine connaissance des placements financiers, de la législation sociale et de la fiscalité. En conséquence, l’offre d’allocation des PER ou des PEE proposée en entreprise apparaît comme réduite, et le référencement de nouveaux fonds est souvent complexe.

Notons qu’une nouvelle loi tout juste promulguée devrait permettre à ce marché de se développer. Le texte, adopté par l’Assemblée nationale le 22 novembre dernier, rend obligatoire la mise en place d’ici 2025 d’au moins un dispositif de partage de la valeur (participation, intéressement, abondement ou prime de partage de la valeur) dans les PME et plus particulièrement dans celles qui comprennent entre 11 et 49 salariés, tant qu’elles affichent un résultat positif sur les trois dernières années et disposent d’un bénéfice fiscal au moins égal à 1 % de leur chiffre d’affaires. Cette réforme était très attendue, en particulier au sein de la communauté financière qui milite de longue date pour une extension des dispositifs d’épargne d’entreprise afin d’augmenter la détention d’actifs de long terme par les ménages. Plus de 170 000 entreprises comprenant entre 11 et 49 collaborateurs seraient concernées.

Celle loi contribue à favoriser la multiplication des initiatives dans un marché pour l’heure encore relativement concentré. Les chiffres montrent que de plus en plus de salariés utilisent ces dispositifs, mais qu’il est nécessaire de mieux communiquer sur leurs avantages, d’autant qu’ils sont d’excellents moyens de fidéliser et d’attirer les talents. Concernant les placements proposés à cette clientèle, l’offre est actuellement limitée mais elle s’étoffe peu à peu et attire de nouveaux acteurs. Enfin, de nouvelles stratégies de conseils sont proposées.

L’accès aux fonds de private equity, classe d’actifs qui désigne une activité d’investissement dans des sociétés non cotées en Bourse dans le but de réaliser une plus-value à moyen terme, est un exemple de cette ouverture du marché. Initialement réservé à une clientèle institutionnelle ou fortunée, le private equity tend à se démocratiser ces dernières années, offrant ainsi au particulier une nouvelle possibilité de s’emparer de cette classe d’actifs et de l’intégrer dans une stratégie d’épargne, de retraite et de capitalisation. La grande nouveauté instaurée par la loi Pacte de 2019 est la mise à disposition de cette classe d’actifs via des enveloppes telles que le PER, et aujourd’hui l’offre se diversifie et s’étend pour être disponible à l’ensemble des dispositifs d’épargne salariale. D’ailleurs, le projet de loi Industrie verte prévoit de flécher une partie croissante des 2 000 milliards d’euros d’encours d’assurance-vie et d’épargne retraite vers des investissements non cotés. Cette loi apportera des améliorations significatives, notamment en matière de commercialisation aux investisseurs. Un long chemin de pédagogie et de formation reste encore à parcourir, mais l’épargne salariale rassemble de nombreuses qualités et devient un outil adapté à une épargne longue et performante, accessible au plus grand nombre grâce à son implantation désormais obligatoire dans de plus en plus d’entreprises.

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