Faisons un rêve

Publié le 30 août 2019 à 17h34    Mis à jour le 4 septembre 2019 à 17h42

Bernard Aybran

C’est l’un des fondements des modèles économiques depuis le dix-neuvième siècle : l’homo economicus est rationnel. Il est rationnel dans ses raisonnements, dans ses comportements et même, pour de nombreux modèles dominants, il est rationnel dans ses anticipations.

Les théoriciens de la finance comportementale ont expliqué depuis des décennies maintenant que divers biais affectent en pratique cette rationalité axiomatique, à commencer par un excès de confiance. Cet excès de confiance s’exprime par exemple en matière de placements. 25 000 investisseurs particuliers de 32 pays ont été interrogés il y a quelques mois sur leurs placements financiers. Ils attendent en moyenne plus de 10 % de performance annuelle de leurs placements. A titre de comparaison, depuis 1900, les actions françaises ont en moyenne généré une performance réelle de l’ordre de 3,5 % par an. A l’échelle mondiale, ce chiffre s’élève à 5,2 %. Dans un contexte où près du tiers des obligations mondiales génère désormais un taux d’intérêt négatif, atteindre durablement une performance annuelle à deux chiffres ne peut pas relever de l’anticipation rationnelle mais plutôt du doux rêve.

Lorsqu’un particulier confond rêve et réalité, il risque au moins une déception majeure, au pire des difficultés financières à venir. Dans le contexte actuel, plus que jamais, les investisseurs professionnels devront développer des trésors de pédagogie pour éviter les déconvenues. Il faut continuer de rêver. Mais garder les pieds sur terre lorsqu’il s’agit d’argent.

Bernard Aybran Head of portfolio management ,  Allfunds

Bernard Aybran est head of portfolio management chez Allfunds

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