Gestion de trésorerie : les placements « cash equivalent » un complément bienvenu au monétaire traditionnel

Publié le 25 août 2016 à 10h38

Dimitri Andraos

L’environnement de taux extraordinairement bas rebat profondément les cartes de la gestion de trésorerie. Pour obtenir des rendements acceptables sans dégrader outre mesure le profil de risque des placements de trésorerie, il est aujourd’hui possible de piloter la durée de vie moyenne d’un portefeuille avec plus de souplesse, grâce au format « cash equivalent ».

Depuis bientôt deux ans, les marchés obligataires internationaux, et en particulier ceux concernant les emprunts d’Etat de la zone euro, affichent des rendements négatifs y compris pour les émissions d’une durée de vie de plusieurs années. Les taux swaps n’échappent pas à ce mouvement et l’échéance à 2 ans évolue sous le seuil de 0% depuis la fin 2015 (-0,22% actuellement). L’indice EONIA, qui reflète les conditions de refinancement interbancaire au jour-le-jour dans la zone euro, s’inscrit également en territoire négatif. Depuis la dernière baisse du taux de facilité de dépôt de la Banque centrale européenne en mars de cette année, cet indice se situe dans la fourchette -0,32% à -0,34%.

Dans cet environnement, il est devenu quasiment impossible pour les fonds monétaires d’afficher des performances positives. La catégorie monétaire court terme a été la première impactée étant donné son très strict cadre réglementaire. Les OPC monétaires ont suivi ce mouvement et à ce jour, les émissions obligataires à taux variable à 2 ans, qui sont un pan incontournable des investissements monétaires, arrivent sur le marché à rendement nul voire négatif. Facteur aggravant, le mouvement de baisse des taux s’est accompagné d’un aplatissement des spreads sur la zone 1-2 ans : la prise de risque entre 12 et 24 mois n’est guère récompensée, le ratio surcroît de rendement contre risque supplémentaire étant insuffisant.

Cette situation peu satisfaisante du point de vue de l’investisseur a naturellement amené le gérant de portefeuilles de trésorerie à entreprendre une réflexion dans le but d’adapter son offre de produits. Etant entendu que la maîtrise du risque est un aspect fondamental de cette classe d’actifs, l’ingénierie-produits s’est attelée à considérer la meilleure façon d’optimiser le surcroît de rendement face à la quantité de risque supplémentaire acceptable.

C’est dans ce contexte que la notion de « cash equivalent » ou équivalent de trésorerie a vu le jour. Sans s’écarter significativement des contraintes bordant les fonds monétaires, il a été possible de construire un portefeuille obligataire court respectant plusieurs critères jugés essentiels afin d’offrir un véhicule au profil de rendement sensiblement supérieur à la catégorie monétaire tout en limitant la prise de risque. Ces caractéristiques portent principalement sur les aspects suivants : le placement doit être court-terme, liquide, aisément convertible en un montant de trésorerie précis et peu sensible au risque de changement de valeur.

Des titres de trésorerie plus longs qu’au sein de fonds monétaires stricto sensu

Les facteurs d’exclusion sont rigoureusement appliqués. Les OPCVM dont la durée de placement recommandée excède 12 mois, dont l’indice de référence n’est pas un indice du marché monétaire ou dont la volatilité est supérieure de plus de 50 points de base à celle de l’EONIA sont exclus. Les durées de vie résiduelles représentent aussi des facteurs discriminants, puisque la maturité finale des titres ne doit pas excéder 36 mois, la maturité moyenne maximale (WAM) ne doit pas excéder 6 mois, tandis que la durée de vie moyenne pondérée (WAL) ne doit pas excéder 18 mois. A la lecture de ces critères, c’est in fine aux commissaires aux comptes des entreprises d’établir si un fonds peut être estampillé « cash equivalent ».

Soigneusement délimité, ce format laisse malgré tout plus de latitude qu’il n’y paraît. En effet, il offre la possibilité aux gérants d’accéder à des titres de trésorerie plus longs que dans le cadre d’OPCVM purement monétaires (maturité finale des titres à 36 mois, contre 24). Or, ces échéances sont mieux rémunérées grâce à une pente de spreads plus intéressante sur le 2-3 ans. Autre atout, la durée de vie moyenne pondérée est plus élevée dans le cadre du « cash equivalent », à 18 mois contre seulement 12 pour les fonds monétaires traditionnels.

Cet élargissement en termes de maturités est le bienvenu dans un contexte de taux monétaires négatifs. Le placement « cash equivalent » est une façon innovante de diversifier et de dynamiser la gestion des liquidités, tout en maintenant une approche conservatrice de l’exposition au risque de crédit, en ligne avec les attentes des directions financières des entreprises. Investisseurs, il est donc possible de sortir des sentiers battus du monétaire traditionnel, le supplément de rémunération à la clé faisant plus que compenser une prise de risque limitée !

Dimitri Andraos

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