La technologie est l’avenir du secteur financier

Publié le 7 juillet 2016 à 10h45

Raphaël Remond

Le secteur de la gestion d’actifs traverse actuellement une période de changements majeurs, susceptible de transformer radicalement l’industrie dans les dix prochaines années.

Ce n’est pas nouveau, les acteurs doivent faire face au poids de la réglementation et au besoin d’atteindre une certaine taille critique pour développer des modèles de gestion compétitifs. Ce qui change, en revanche, ce sont les moyens qu’emploient nos clients pour faire face à ces enjeux. L’ère du « numérique » approche.

Quelles sont les implications pour les gestionnaires d’actifs en Europe ?

Aujourd’hui, la majorité des sociétés de gestion d’actifs européennes sont des entreprises de taille moyenne (dont l’encours en dollars est compris entre 10 et 50 milliards, ou entre 20 et 100 milliards selon les points de vue). La région compte aussi un très petit groupe de « grands » intervenants – en général, toute société dont l’encours dépasse 50 milliards de dollars.  Les pressions croissantes sur les coûts auxquelles sont confrontées les institutions financières ont été largement documentées, ce qui alimente continuellement le débat sur la consolidation de l’industrie.

Ce n’est peut-être pas très surprenant, compte-tenu du niveau sans précédent de nouvelles réglementations prêtes à rentrer en vigueur. La mise en œuvre de MiFID II, par exemple, se dessine nettement à l’horizon avec des coûts supplémentaires à supporter.  Or, dans le contexte actuel, très peu de gestionnaires d’actifs européens disposent des capacités nécessaires pour internaliser la gestion des données, l’analyse des risques, et les exigences de reporting dont ils ont besoin pour s’y conformer.

Un grand nombre de petites et moyennes sociétés de gestion d’actifs en Europe risquent également d’avoir du mal à faire face aux contraintes réglementaires, avec les infrastructures et systèmes dont ils disposent actuellement. Le niveau d’externalisation du back-office et du middle-office est donc susceptible d’augmenter considérablement dans les années à venir.

Alors que de nouveaux entrants se positionnent dans le secteur, la réussite dépendra de plus en plus de la capacité à mettre la technologie et l’analyse de données au service des demandes croissantes des clients. Ces derniers attendent en effet des solutions d’investissement et des informations plus personnalisées et sophistiquées.

Face à une pression accrue pour réduire les coûts et augmenter l’efficacité opérationnelle, la frénésie médiatique autour de la « blockchain » - l’expression à la mode en 2016 - s’est elle aussi intensifiée. Les modèles de registres distribués de la blockchain ont le vent en poupe. Des consortiums comme R3 et des initiatives individuelles lancées par un nombre d’institutions financières (y compris State Street) abordent tous le concept avec une variété d’idées et d’approches différentes.  Cela semble inévitable, une partie de l’industrie adoptera des modèles fondés sur la blockchain dans les prochaines années, afin de tirer parti des gains de productivité qu’ils apportent.  Mais les premières applications se feront probablement à une échelle limitée ou dans des domaines complètement nouveaux, où les problèmes de migration des systèmes existants ne se posent pas.

Vivre à l’ère du numérique

Après la crise financière mondiale, les investisseurs institutionnels sont devenus de plus en plus autonomes. Nombre d’entre eux ont décidé de réunir en interne les différentes composantes de leurs capacités d’investissement.

La numérisation de l’industrie financière, évoquée plus haut, est l’une des conséquences de ce changement de comportement des investisseurs. On parle beaucoup de la croissance exponentielle du volume des données mais c’est surtout leur diversité, stimulée par le développement de l’Internet des objets (« internet of things »), qui pourrait avoir le plus d’impact à long terme.

Alors que de plus en plus de données deviennent disponibles, certaines d’entre elles auront une valeur exploitable et les gestionnaires d’actifs devront probablement être en mesure d’intégrer ces données pour les exploiter et en tirer profit. Le plus difficile est d’identifier les informations pertinentes : cela implique de pouvoir utiliser des outils d’analyse plus puissants et plus automatisés. Cela nécessite aussi des avancées rapides dans le développement d’outils et de capacités pour proposer une offre crédible face à la concurrence, dans cette « nouvelle donne ».

Ce virage numérique aidera peut-être les sociétés d’investissement à réduire leurs coûts dans certains domaines, tout en en créant d’autres postes de dépenses. Mais en fin de compte,  il permettra sans doute des économies d’échelle, ce qui alimentera encore davantage la consolidation du secteur.  De nombreux gestionnaires d’actifs pourraient remanier leur approche des solutions d’investissement et effectuer des acquisitions stratégiques afin d’accélérer leur développement stratégique et leur compétitivité.

Raphaël Remond

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