Ne pas se tromper d’enjeu politique

Publié le 10 janvier 2020 à 12h16    Mis à jour le 10 janvier 2020 à 14h54

Hervé Goulletquer

La politique s’est réinvitée dans l’environnement de marché en ce début d’année plus vite qu’on ne le pensait. Pourtant l’hypothèse la plus probable est que les relations entre les Etats-Unis et l’Iran s’apaisent, au moins pour un temps. Du côté de Washington, la perspective est relativement claire. Le Président Trump veut être réélu en novembre prochain. Pour ce faire, il a besoin d’un environnement économique porteur et donc d’un prix du pétrole qui reste raisonnable. Il ne devrait pas prendre ex ante d’initiatives aboutissant à l’apparition de fortes tensions. Du côté de Téhéran, la guerre ouverte n’est pas une option. Gagner paraît hors de portée et la question du maintien du régime serait posée.

Plus fondamentalement, la politique, dans sa dimension sino-américaine, restera en toile de fond, sans pour autant se positionner sur le devant de la scène. Une fois la phase 1 de l’accord signée (sans doute dans les prochains jours), tant Washington que Pékin ne voudront pas que les projecteurs de l’actualité soient trop braqués sur la phase 2 des négociations. D’abord, parce personne ne veut rejouer l’épisode de 2019, avec la montée des doutes en matière de croissance, et ensuite, au titre du caractère existentiel de la question de fond soulevée : comment assurer des relations équilibrées entre des systèmes économiques différents et qui n’ambitionnent pas vraiment de se rapprocher ?

Le point a été récemment abordé par Graham Allison, ce professeur d’Harvard qui a étudié les relations sino-américaines en se référant au piège de Thucydide. Peut-on être à la fois en situation de coopération et de concurrence ? Il le faudra bien si on veut que le risque politique baisse significativement.

Hervé Goulletquer

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