Où en est l’économie chinoise ?

Publié le 25 septembre 2025 à 10h39

Jean-Thomas Heissat    Temps de lecture 3 minutes

La conjoncture chinoise a marqué un net coup d’arrêt cet été en dépit de la résilience du commerce extérieur. D’après le NBS, la faiblesse des chiffres de juillet était un épiphénomène notamment lié à des effets saisonniers auxquels s’ajoutaient des événements météorologiques extrêmes (inondations, pics de température). Mais la tendance s’est prolongée en août, faisant craindre un ralentissement de l’économie chinoise plus brutal qu’anticipé. Sur le mois, la quasi-totalité des chiffres est sortie largement en dessous des attentes : crédit bancaire à 590 milliards (vs 800 attendus), production industrielle à 5,2 % (vs 5,7 %), investissement à 0,5 % (vs 1,4 %), ventes au détail à 3,4 % (vs 3,9 %), etc.

Pour certains, l’essoufflement récent pourrait n’être que transitoire car très lié aux mesures récentes des autorités. La campagne « anti-involution » de lutte contre la concurrence accrue (surcapacités et guerre des prix) s’est imposée comme un thème important au fil des dernières semaines. Elle pourrait expliquer une mise à l’arrêt « préventive » et donc temporaire de nombreux programmes d’investissement, dans l’attente d’une réallocation. Les impacts sur les profits et l’emploi restent difficiles à apprécier. Sur la consommation, les effets des « trade-in programs » s’atténuent progressivement mais la mise en œuvre effective en septembre des mesures destinées à alléger la charge des ménages et doper les dépenses de loisirs pourrait contrebalancer le mouvement.

La morosité semble néanmoins ancrée plus profondément et la faiblesse de la demande chinoise s’explique surtout par la dégradation continue du moral des ménages. La propension à épargner ne cesse de croître et, selon la PBoC, 2 ménages sur 3 prévoient d’épargner plutôt que de consommer ou d’investir. Une des explications à cela est la rechute des prix de l’immobilier après 6 mois de relative stabilisation. Depuis le pic de 2021, les prix dans l’ancien ont baissé d’environ 18 % en moyenne. Hors un net renforcement des plans de déstockage, la crise immobilière devrait d’ailleurs se prolonger. La nette détérioration du marché du travail est un autre facteur explicatif (et certainement le plus important) de la morosité ambiante. Plus de la moitié des ménages qualifie de « mauvaise » la situation de l’emploi. Le chômage des jeunes reste sur des niveaux très élevés. La « zone grise » des cotisations sociales (retraites notamment) pourrait impacter le revenu disponible.

Redonner confiance est la condition sine qua non au redressement de l’économie chinoise. Les autorités semblent en être conscientes et ont opéré un virage en ce sens, mais cela nécessitera bien davantage que les « petits pas » réalisés depuis un an.

Jean-Thomas Heissat Stratégiste ,  CPR AM

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