Réconcilier la zone euro sur son histoire monétaire

Publié le 29 novembre 2019 à 11h46    Mis à jour le 29 novembre 2019 à 13h00

Hervé Goulletquer

Une des premières décisions prises par Christine Lagarde à la tête de la BCE est de lancer une revue stratégique de la politique monétaire (objectifs, instruments et communication). On peut se demander s’il ne faudrait pas ajouter une ambition à cette revue : une vision partagée de l’histoire monétaire.

L’exemple allemand est en la matière instructif. On sait que, dans ce pays, la confiance dans la gestion de la BCE est limitée, avec en toile de fond l’idée qu’un réglage excessivement accommodant est tout à fait dangereux. N’est-ce pas en 2011 le ministre fédéral de l’Economie qui déclarait devant le Parlement européen qu’«une leçon à tirer de l’histoire est celle-ci : quand la monnaie ne va pas, rien ne va ; l’expérience allemande montre la relation qui existe entre l’hyperinflation, la pauvreté de masse, la guerre et toutes les horreurs qui ont suivi» ? Et 40 % des Allemands de considérer que l’hyperinflation et la dévaluation de la monnaie caractérisent la «grande dépression» post-krach de 1929 en Allemagne. Interrogés sur le niveau de l’inflation en 1932, plus de la moitié l’estime supérieure à 10 %, et 15 % d’entre eux pensent qu’elle dépassait 100 %. A peu près personne n’est à même de dire qu’elle était en fait négative, comme dans la plupart des pays occidentaux.

Peut-être qu’une «leçon de choses» sur le «conscient» et l’«inconscient» en matière d’histoire monétaire dans chacun des pays membres serait une utile introduction à cette revue stratégique. Simplement pour tenter de réduire les biais nationaux et ainsi réussir à forger un consensus fort autour de ce qui est encore aujourd’hui le principal outil de politique économique à disposition de l’Europe. 

Hervé Goulletquer

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