Gouvernance

La crise autour de Carlos Ghosn souligne l’importance de l’analyse ESG

Publié le 23 novembre 2018 à 12h01    Mis à jour le 23 novembre 2018 à 16h06

optionfinance.fr

Les déboires de Carlos Ghosn avec la justice japonaise et la chute de plus de 8 % enregistrée en quatre jours par le titre Renault depuis l’arrestation de son emblématique dirigeant lundi dernier ont mis à jour des fragilités de gouvernance au sein du constructeur automobile. Celles-ci transparaissent-elles déjà dans les analyses ESG des investisseurs, et en particulier son pilier G sur la gouvernance ? «Les problèmes de Renault sur les sujets de gouvernance sont bien connus : le rejet de la rémunération de Carlos Ghosn lors de l’assemblée générale de 2016, la difficulté à organiser sa succession, ainsi qu’une forte rotation des équipes au sein du département des relations investisseurs étaient autant de signaux d’alerte, même si nous restons surpris que la crise prenne la forme d’une suspicion de fraude, commente Léa Dunand-Chatellet, directrice du pôle investissement responsable de DNCA Finance. La note ESG de Renault était dans la moyenne, en particulier grâce à ses efforts sur l’aspect environnemental, mais cette fragilité de gouvernance nous avait décidés à ne pas détenir de titres Renault dans nos portefeuilles ISR.»

En matière de gouvernance, le constructeur français supportait pourtant la comparaison avec ses pairs, selon l’agence de notation extra-financière Vigeo Eiris qui a annoncé mercredi la suspension des scores de gouvernance des membres de l’alliance Renault-Nissan. «Bien que dégradé en 2016, suite aux controverses entourant la rémunération de Carlos Ghosn, le score de gouvernance de Renault était significativement supérieur à la moyenne du secteur automobile, indique Fouad Benseddik, directeur des méthodes chez Vigeo Eiris. Il était en particulier bien supérieur à ceux de Nissan et Mitsubishi ; le Japon est d’ailleurs connu pour des problèmes d’indépendance au sein des conseils d’administration.» Une analyse que ne partage pas Léa Dunand-Chatellet : «L’approche japonaise de la gouvernance est culturellement très différente de la nôtre, avec des conseils d’administration qui peuvent compter une cinquantaine de membres, dont beaucoup d’auditeurs externes, et où les non-Japonais sont très peu présents ; mais elle n’est ni plus ni moins exigeante.»

Des méthodologies évolutives

Cette hétérogénéité des approches ESG montre le caractère encore très évolutif de la matière. Que ce soit sur la gouvernance, mais aussi l’environnement et le social, il n’y a pas de vérité établie ! Les gérants cherchent ainsi tous à faire évoluer leurs méthodologies en fonction des avancées de la recherche et de leurs propres constats. CPR AM, qui présentait jeudi aux investisseurs institutionnels sa méthodologie de prise en compte des critères ESG dans sa gestion quantitative, a ainsi expliqué que ses modèles seraient revus tous les ans… mais pas à chaque controverse. «Même avec un travail le plus propre possible, l’analyse ESG ne permet pas d’éviter toutes les valeurs qui feront, un jour, le journal de 20 heures, mais elle permet d’en éviter une grande partie, a soulevé Cyrille Collet, directeur de la gestion actions de CPR AM lors de cette conférence, après avoir précisé avoir été, jusqu’à présent, en position acheteuse sur la valeur Renault. L’enjeu n’est pas d’ajuster les critères en fonction de ce qui a été sur le devant de la scène la semaine précédente, mais de regarder le plus loin possible.» Dans cette perspective, les déboires récents de l’alliance Renault-Nissan renforce une certitude de longue date : celle de l’importance névralgique, pour tout conseil d’administration, d’être doté de comités de nominations, de rémunérations et d’audit, composés de membres indépendants et de profils diversifiés, «capables de contenir les risques de dérive du charisme des dirigeants en césarisme», comme le résume Fouad Benseddik. Une conviction partagée par tous les gérants.

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