Régulation

Un rappel à l’ordre de l’Esma fraîchement accueilli par la profession

Publié le 23 avril 2021 à 14h52

Les particuliers paient en moyenne 40 % de frais de gestion de plus que les investisseurs institutionnels, sur toutes les classes d’actifs. C’est ce qu’a rappelé en avril l’Autorité européenne des marchés financiers (Esma), dans son troisième rapport annuel sur les frais et performances des produits financiers. L’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles (EIOPA) est venue appuyer la démarche, en publiant simultanément son propre rapport sur les produits de placement fondés sur l’assurance et les produits de retraite personnelle.

La rengaine n’est pas nouvelle, mais elle est cette fois-ci accueillie très sèchement par la profession en France. « La différence entre le prix au détail et le prix de gros existe depuis toujours, sur tous les marchés et dans toutes les industries, proteste Arabelle Conte, ‎directrice commercialisation et vie des acteurs à l’Association française de la gestion financière (AFG). Il existe en effet des prix avantageux pour les institutionnels qui investissent des tickets par millions. Les coûts de distribution ne sont pas les mêmes pour les clients de détail. Il est donc normal qu’ils ne payent pas le même prix qu’un particulier qui investit 50 ou 1 000 euros ! »

Le rappel à l’ordre de l’Esma passe d’autant plus mal qu’elle-même reconnaît dans les pages de son rapport que le coût moyen des frais de gestion baisse régulièrement. « Et les coûts de fabrication des produits ne cessent d’augmenter », insiste Arabelle Conte. Avant d’ajouter : « Depuis plusieurs années, la guerre menée par l’Esma contre les prix des produits financiers nous préoccupe. Nous aimerions comprendre ce qui la motive. »

Le rapport de l’Esma souligne enfin la différence de prix entre les stratégies de gestion active, coûteuses, et les fonds indiciels cotés (ETF), bon marché. « La gestion indicielle se contente de répliquer ce que fait son indice, sans aucune sélectivité, rappelle Arabelle Conte. Très automatisée, elle peut créer des mouvements de marché extrêmement brutaux. Pourquoi l’Esma fait-elle à ce point la promotion d’un type de gestion au détriment de la gestion active, sur la base d’une analyse qui comporte des biais importants ? Pourquoi n’investigue-t-elle pas sur les conséquences d’un marché qui ne serait composé que d’ETF ? » Si le discours de l’Esma fait des heureux, c’est dans les rangs des champions mondiaux de la gestion passive. « La gestion indicielle est très automatisée et son coût est négligeable, réplique encore Arabelle Conte. A l’inverse, la gestion active est un service, qui nécessite des gérants, de l’analyse financière, du jugement humain, de la prise de risques, en s’écartant du consensus. » Toutes choses qui ont un coût.

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