Des taux longs trop bas ?

Publié le 24 mai 2019 à 16h29

Christian Parisot

Le bas niveau des taux d’intérêt directeurs et des taux longs pose-t-il un problème ? La question se pose au sein de la communauté des banquiers centraux. Dans leur dernier compte rendu de réunion de politique monétaire, les membres de la Banque centrale d’Australie, la RBA, estiment que l’impact d’une baisse des taux directeurs sera plus faible que par le passé du fait du niveau actuel déjà bas des taux d’intérêt. De son côté, la BCE a rejeté l’idée d’une moindre efficacité de sa politique de taux «ultra-bas» mais admet que sa transmission dans l’économie réelle a ralenti : l’impact positif de sa politique pour relancer l’inflation sera plus long qu’anticipé. Aux Etats-Unis, différents membres parlent de «solutions alternatives» face à des taux directeurs qui resteront durablement bas malgré un taux de chômage historiquement bas.

De fait, les freins à l’investissement des entreprises ne sont pas le niveau des taux d’intérêt ou les «conditions financières». Jamais le coût du capital productif a été aussi bas. Le véritable frein à la croissance pourrait être au niveau du capital humain et le manque de main-d’œuvre qualifiée. Au niveau des ménages, face à une population vieillissante et désirant épargner pour sa retraite, la baisse des taux d’intérêt, réduisant la rémunération de l’épargne et donc rendant plus difficile l’atteinte de leurs objectifs financiers, pourrait paradoxalement faire remonter le taux d’épargne au lieu de relancer leur consommation ! La question se pose réellement aujourd’hui : les taux d’intérêt ne sont-ils pas trop bas ?

Christian Parisot Conseiller économique ,  d’Aurel BGC

Christian Parisot est conseiller économique auprès de l’intermédiaire financier d’Aurel BGC, dont il a été responsable de l’ensemble de la recherche, et Chef Economiste entre 2006 et 2021. Titulaire d’un diplôme universitaire, il a débuté sa carrière d’économiste de marché à la Caisse Centrale des Banques Populaires, future Natixis, en 1996, avant de rejoindre Aurel en 1997. Avec ses équipes, il fournit régulièrement des conseils d’investissement et d’allocations d’actifs à des investisseurs professionnels internationaux - fonds de pension, gestions privée et collectives, hedges funds, etc. - en fonction des conditions économiques présentes et anticipées.

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