La fin d’un cycle n’est pas une question de temps

Publié le 2 novembre 2018 à 10h40

Christophe Morel

Sachant que la reprise a démarré aux États-Unis il y a neuf ans, il est tentant d’envisager la perspective d’une récession. Pour autant, si le cycle économique avec ses phases haussières et baissières rythme toujours l’activité, la durée d’un cycle n’est absolument pas constante. Ainsi, aux Etats-Unis, depuis le milieu du XIXe siècle, les périodes de croissance se sont étalées entre un et onze ans, sans que l’on puisse en dégager une «moyenne».

La fin d’un cycle n’est donc pas une question de temps. Cela dépend du rapport entre la consommation et la production : l’environnement économique devient vulnérable à un choc exogène dès que les entreprises ont surproduit par rapport à la demande. A ce stade, l’élastique conjoncturel reste positif dans la mesure où il n’y a pas d’excès dans la production, dans la reconstitution des stocks et dans l’investissement. Parce que la reprise a été plus lente que d’habitude, le cycle de croissance actuel peut surprendre par sa longévité.

Cela ne signifie pas qu’il se poursuive au même rythme : il devient ainsi raisonnable d’anticiper une décélération des croissances, plus en ligne avec les tendances de long terme. Cela ne signifie pas non plus que les économies soient totalement immunisées. Le «maillon faible» provient de cet enchaînement dangereux entre l’économie et les marchés : les actifs financiers n’ont jamais été aussi sensibles à un ajustement cyclique, et l’économie réelle n’a jamais été aussi vulnérable à un retournement de l’effet-richesse acquis sur les marchés.

Christophe Morel Chef économiste ,  Groupama Asset Management

Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management

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