Le conflit commercial, un défi pour la croissance

Publié le 14 juin 2019 à 11h56    Mis à jour le 17 juin 2019 à 11h22

Christophe Morel

Une évaluation des premières mesures protectionnistes prises à l’été 2018 révèle que le conflit commercial constitue une «nouvelle donne». Tout d’abord, la hausse des échanges mondiaux a été quasi nulle depuis six mois, et aucun indicateur de climat des affaires ou de prix (tel que le Baltic Freight) ne suggère un redémarrage imminent du commerce mondial. Ensuite, la structure des échanges extérieurs des Etats-Unis s’est modifiée : le commerce bilatéral entre les Etats-Unis et la Chine s’est sensiblement contracté, sans que cela n’ait pour autant atténué le déficit commercial américain vis-à-vis de la Chine. Cette réorientation des importations américaines a en revanche profité à l’Europe, à l’Asie développée (Taïwan, Singapour) et surtout au Mexique. Enfin, dans les secteurs concernés, la hausse des droits de douane américains semble se répercuter sur les ménages via des hausses des prix à la consommation et des ajustements sur l’emploi dans les secteurs déjà sous tension (automobile).

L’intensification des conflits commerciaux constitue un défi supplémentaire dans un environnement structurel fragile de croissances basses, d’endettements élevés et de fortes vulnérabilités aux évolutions financières. Cette menace va persister : l’environnement est durablement moins coopératif, et Donald Trump est implicitement en campagne électorale. Incontestablement, les risques à la baisse sur la croissance, singulièrement sur les perspectives d’investissement et d’emploi, se sont amplifiés. Les politiques économiques, à travers des assouplissements monétaires et des budgets plus accommodants, devront être en soutien pour maintenir les perspectives de croissance.

Christophe Morel Chef économiste ,  Groupama Asset Management

Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management

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