Les principes du capitalisme dévoyés

Publié le 31 août 2018 à 11h03    Mis à jour le 31 août 2018 à 15h16

Christophe Morel

Dans les économies de marché, certains principes sont de plus en plus battus en brèche et ces «déviations» participent à la montée des déséquilibres. D’abord, on peut évoquer la tolérance collective nulle à la perte, à la faillite et à la restructuration. En effet, la crise financière a été violente par la baisse des marchés actions et l’ampleur de l’ajustement cyclique, et, pour autant, elle n’a pas provoqué tant de faillites ou de restructurations. Bien sûr, il y a quelques cas emblématiques (Lehman Brothers, General Motors), mais le nombre de faillites n’a pas été exceptionnel au regard de l’exceptionnalité de la crise. Le processus de «destruction créatrice» a plutôt été dévoyé, notamment en raison de politiques monétaires ultra-accommodantes qui ont encouragé ce faisant l’endettement. Ensuite, dans les économies les plus libérales (Etats-Unis, Royaume-Uni), l’environnement tend à devenir de moins en moins concurrentiel (la concentration de marché augmente), et de plus en plus protectionniste en freinant la circulation des biens et des hommes. Enfin, la gouvernance économique se déséquilibre davantage, devenant de plus en plus favorable aux actionnaires. La répartition de la valeur ajoutée est tendanciellement défavorable aux salariés, ce qui participe à la hausse des inégalités (de revenus et de patrimoine) et alimente les aléas politiques. La fiscalité pourrait inverser ces tendances sociales. Mais elle est désormais trop contrainte par des ratios d’endettement élevés. Le principal risque dans le futur est donc de nature sociale et politique.

Christophe Morel Chef économiste ,  Groupama Asset Management

Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management

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