Cryptomonnaies : fin de l’exubérance irrationnelle

Publié le 21 mai 2021 à 16h16

Didier Borowski

Il aura suffi que la Chine serre la vis en matière de réglementation pour déclencher un krach sur les cryptomonnaies (CM). Elon Musk avait fait, peu avant, volte-face en annonçant que Tesla refuserait désormais le Bitcoin comme moyen de paiement. En définitive, ce sont près de 1 000 milliards de dollars de capitalisation qui se sont évaporés en quelques jours.

Ce krach sonne-t-il le glas des cryptomonnaies ? Sûrement pas. Mais c’est la fin de l’exubérance irrationnelle. Les acheteurs devront prendre en compte la volatilité hors norme de ces actifs, ce qui devrait limiter la spéculation. Il faut désormais distinguer le bon grain de l’ivraie. Les blockchains constituent une innovation technologique majeure qui transformera l’offre de services et de produits financiers et permettra d’améliorer l’inclusion financière, avec des systèmes de paiement plus rapides, plus fiables et moins coûteux, notamment dans les pays les plus pauvres. La BRI estime que 1,7 milliard de personnes dans le monde ne bénéficient pas de services bancaires ou sont mal desservies en matière de services financiers. Toutefois l’usage des cryptomonnaies en tant que moyen de paiement est potentiellement déstabilisateur. Les régulateurs ne peuvent renoncer au monopole que les banques centrales exercent sur la production de monnaie. L’histoire montre en effet qu’elles seules sont en mesure de garantir la stabilité financière. De plus, l’absence de réglementation et l’anonymat facilitent la cybercriminalité sous toutes ses formes : marché noir, blanchiment, évasion fiscale… Sans compter l’empreinte carbone élevée d’une cryptomonnaie comme le Bitcoin. Il faut donc s’attendre à ce que les décisions chinoises soient tôt ou tard imitées au niveau du G20.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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