Italie : pourquoi il ne faut pas sombrer dans un excès de pessimisme

Publié le 1 juin 2018 à 11h01    Mis à jour le 1 juin 2018 à 12h17

Didier Borowski

Les investisseurs ont basculé, en quelques jours, d’un excès de complaisance à un excès de pessimisme. Il faut raison garder. Même si un sérieux affrontement est inévitable entre le gouvernement de coalition et les institutions européennes (immigration, politique budgétaire), il n’y a pas de risque de défaut de l’Etat italien d’ici à deux ans. Selon les enquêtes, les Italiens ne souhaitent pas sortir de la zone euro, ce qui explique d’ailleurs que cette proposition ne figure pas dans les programmes des deux partis antisystème. De plus, les marges de manœuvre du nouveau gouvernement sont limitées par les prérogatives constitutionnelles du président Mattarella, qui peut mettre son veto à certaines lois.

La situation économique de l’Europe et de l’Italie s’est nettement améliorée au cours des dernières années. La reprise en zone euro a été vigoureuse et l’économie italienne a redémarré, et même renoué avec les excédents commerciaux. Ses faiblesses sont bien identifiées : niveau excessif de dette publique, large stock de créances douteuses, croissance potentielle très faible, compétitivité insuffisante. Mais elles ne doivent pas occulter les points forts : un surplus primaire récurrent, un faible niveau de dette privée, une épargne domestique abondante et une dette publique détenue majoritairement par les résidents (à près de 70 %). En outre, les banques ont commencé à assainir leurs bilans et sont plus résilientes que par le passé. Enfin, rappelons que la BCE dispose d’instruments anticontagion qui permettraient d’endiguer la propagation des turbulences financières au reste de la zone euro. Cela dit, l’Italie entre en terre inconnue, et cela vaut bien une prime de risque !

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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