L’Italie, talon d’Achille de l’Europe

Publié le 2 novembre 2018 à 10h34    Mis à jour le 7 novembre 2018 à 10h29

Didier Borowski

La dérive budgétaire annoncée par le gouvernement s’est traduite par une nette remontée des taux servis sur la dette publique : le taux à 10 ans a atteint le 18 octobre près de 3,8 % (soit un spread de quelque 330 points de base avec l’Allemagne) au plus haut niveau depuis 2013.

Depuis Moody’s a abaissé sa note sur la dette qui n’est plus qu’à un cran du high yield. Cependant avec une perspective stable, l’agence signale implicitement aux investisseurs que le risque de voir la dette italienne sortir de l’univers investment grade en 2019 est très faible. Ce risque est inexistant avec les autres agences dont les notes sont plus élevées.

Les investisseurs avaient anticipé cette décision et les taux se sont légèrement repliés depuis. Mais les décisions des agences peuvent, dès à présent, inciter les investisseurs étrangers à alléger leur exposition sur la dette italienne. D’autant que la croissance italienne est ressortie nulle au troisième trimestre (+0,8 % sur un an), nettement en deçà des attentes. Le ralentissement s’avère plus prononcé que dans les autres pays de la zone euro.

La bonne nouvelle est néanmoins que le gouvernement semble décidé à repousser à juin 2019 les mesures les plus coûteuses (abaissement de l’âge de la retraite, revenu citoyen). Or la coalition gouvernementale pourrait bien ne pas survivre aux élections européennes de mai 2019 qui seront un véritable test pour les deux partis de la coalition. Dit autrement, le programme budgétaire peut encore être revu à la baisse ultérieurement. Enfin, il ne faut pas sous-estimer la solide base d’investisseurs domestiques : la dette est détenue à plus de 70 % par les résidents. Les tensions ne devraient donc pas se propager au reste de la zone euro.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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