Quand le risque politique traverse l’Atlantique…

Publié le 6 décembre 2019 à 12h12

Didier Borowski

Le risque politique est en train de quitter l’Europe : le «hard Brexit» n’est plus à l’ordre du jour et la coalition au pouvoir en Italie depuis cet été est davantage pro-européenne. De plus, le nouveau couple à la tête des institutions (Ursula von der Leyen pour la Commission et Christine Lagarde pour la BCE) devrait s’atteler à renforcer l’architecture financière de la zone euro. C’est une perspective rassurante, surtout par rapport aux craintes de début d’année.

En revanche, l’environnement politique est beaucoup plus incertain outre-Atlantique. Les Etats-Unis entrent dans une longue période électorale, dans un climat déjà tendu. Même si elle n’a aucune chance d’aboutir au Sénat, la procédure de destitution lancée par les démocrates peut nuire à Donald Trump. Parallèlement, le parti démocrate se prépare aux primaires. Or il ne s’agit pas de primaires classiques. Des candidats «centristes» (Joe Biden, Pete Buttigieg et Michael Bloomberg) s’opposent à des candidats «radicaux/sociaux-démocrates» (Elizabeth Warren, Bernie Sanders). La levée de fonds de ces derniers l’emporte de loin sur celle des candidats centristes. C’est la première fois que des candidats défendant des propositions radicales sur des enjeux fondamentaux (démantèlement des big tech, politique énergétique, régulation, politique étrangère) sont en mesure de s’imposer aux primaires. Le «super mardi» (3 mars 2020) permettra d’y voir plus clair. En fin de compte, les investisseurs – qui sont dans leur grande majorité convaincus que Donald Trump remportera facilement les élections – pourraient devoir reconsidérer leur position, ce qui déclencherait une correction sur la Bourse et le dollar, avec à la clé un accroissement de la volatilité.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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