Nouvelle géographie économique

Publié le 6 novembre 2020 à 11h19

Jean-François Boulier

Au début de ce siècle, dans l’euphorie de l’avènement de l’ère Internet et au plus fort de l’essor de la mondialisation, certains voulaient voir le monde redevenu plat, non parce que la Terre n’était plus ronde, mais parce que les limites géographiques avaient été largement estompées et que les économies, notamment privées, savaient s’en affranchir. Les temps ont radicalement changé. Sous la présidence de Donald Trump, la géographie politique s’est très largement fractionnée, tant le revirement des Etats-Unis, principal soutien historique au multilatéralisme, a frappé les Alliés. Le courant populiste, nourri de certains excès de la mondialisation, a fait partout son œuvre jusqu’au cœur de l’Europe et se traduit par un Brexit, inimaginable au cours de la crise de la zone euro.

La crise sanitaire agit comme un révélateur puissant de ce retour incontestable de la géographie. Elle a remis sur le devant de la scène la nécessaire souveraineté économique sur la production des biens, stratégiques certes, mais aussi de première nécessité. Le vandalisme économique sur les aéroports chinois détournant des avions chargés de masques laissera des traces durables dans les esprits. La dimension locale a légitimement gagné des adeptes, notamment parmi les consommateurs, désormais prêts à payer pour soutenir les filières de proximité et limiter les impacts écologiques des transports de longue distance. Ce retour de la géographie influencera sans doute les compositions de portefeuilles, au travers des entreprises financées, des choix d’investissement régionaux, et, dans un monde plus fracturé, de risques accrus sur les devises.

Jean-François Boulier Président d'honneur ,  Af2i

Jean-François Boulier est président d'honneur de l'Af2i.

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