Un regain d’inflation, vraiment ?

Publié le 26 février 2021 à 15h55

Jean-Louis Mourier

Les investisseurs semblent redécouvrir la possibilité d’une inflation plus forte. Pour l’heure, l’accélération récente des prix à la consommation – aux Etats-Unis et dans la zone euro – reflète des effets de base et le redressement des cours du pétrole, ainsi qu’en Euroland le relèvement du taux de TVA en Allemagne. Mais les craintes des investisseurs se nourrissent aussi de fortes tensions sur les coûts de production des entreprises, en raison des perturbations des chaînes d’approvisionnement et des « pénuries » de certains intrants industriels. Il en résulte une nette remontée de leurs anticipations d’inflation, qui provoque une remontée des taux d’intérêt à long terme. Ce mouvement menace de dégrader les conditions de financement de l’activité économique, qui reste fragile.

Il faut néanmoins remarquer que les taux d’intérêt à long terme restent globalement très bas, voire négatifs dans quelques pays. De plus, la remontée des anticipations d’inflation correspond plus, pour l’instant, à la dissipation des craintes de déflations apparues au début de la crise sanitaire qu’à des attentes d’emballement des prix.

La poursuite de l’accélération des prix représente toutefois un risque pour la crédibilité des banques centrales, qui ne peuvent pas inverser rapidement leurs politiques actuelles sans risque pour la stabilité financière, en raison de la forte augmentation de l’endettement des agents non financiers – privés et publics – ces derniers mois, ainsi que du rôle de leurs injections de liquidités sur les niveaux de valorisation des marchés.

Jean-Louis Mourier Economiste ,  Aurel BGC

Jean-Louis Mourier occupe la fonction d’économiste chez Aurel BGC, société de courtage qu’il a rejoint en 1998. Titulaire d’un DEA d’économie internationale obtenu à Grenoble, Jean-Louis Mourier exerce la profession d’économiste dans des institutions financières depuis plus de 20 ans. D’abord au sein du groupe Louis-Dreyfus, puis chez Aurel, il suit la conjoncture des pays de l’OCDE, et plus particulièrement de la zone euro, ainsi que de quelques économies émergentes. Il s’intéresse notamment aux politiques monétaires et aux mouvements internationaux de capitaux.

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