Les récentes tensions géopolitiques et l'incertitude suscitée par les données macroéconomiques américaines ont conduit certains investisseurs à revoir leur allocation au détriment des États-Unis
Points clés
L'Europe est susceptible d'offrir un environnement économique différent et des possibilités de diversification qui, selon nous, en font une option d'investissement attrayante
Pour les investisseurs étrangers, la période peut également être propice à un investissement en titres obligataires en euros sur une base de couverture
L'Europe a toujours été perçue comme un acteur secondaire par rapport aux États-Unis. Toutefois, son profil d'investissement s'est renforcé cette année, tandis que la réputation des États-Unis en tant que source de stabilité et de fiabilité s'est effondrée.
La capacité des États-Unis à offrir un vaste marché en termes de liquidité et d'envergure en a fait un choix logique pour les investisseurs en période de volatilité. Mais les récentes turbulences géopolitiques et l'incertitude entourant les données macroéconomiques américaines ont incité les investisseurs à se montrer prudents et à chercher d'autres solutions « refuges » potentielles.
Ce phénomène s'est manifesté en mai, lorsque la stabilité relative de la zone euro et la crainte d'une inflation liée aux échanges commerciaux aux États-Unis ont amené les investisseurs à délaisser les bons du Trésor américain au profit de l'option plus performante que constituaient les Bunds allemands.
Bien que ces inquiétudes se soient dissipées, le fait que les situations économiques soient différentes de part et d'autre de l'Atlantique signifie que l'Europe reste un pôle d'intérêt pour les investisseurs. Cette vision positive des titres obligataires en euros ne repose pas uniquement sur la bonne tenue des fondamentaux des entreprises et le caractère attrayant des rendements.
Un contexte macroéconomique favorable
Aux États-Unis, les données les plus récentes présentent un bilan mitigé, la faiblesse du marché de l'emploi ayant contraint la Réserve fédérale (Fed) à abaisser ses taux d'intérêt. Parallèlement, les craintes concernant l'indépendance de la Fed, qui résultent des fortes pressions exercées par le gouvernement Trump, et celles qui entourent la fiabilité des données, suite au limogeage de la directrice du Bureau of Labor Statistics après les révisions à la baisse des chiffres de l'emploi publiées cet été, renforcent le climat d'incertitude. La situation générale ne s’est pas améliorée avec la paralysie budgétaire de l'administration américaine, qui nous a privés de la publication des chiffres de l'emploi non agricole et de l'IPC pour le mois d'octobre, des données essentielles non seulement pour les États-Unis, mais également pour l'ensemble des marchés.
Bien que d'autres baisses de taux soient anticipées pour l'an prochain, un rebond de l'inflation ou une surprise sur le plan de la croissance remettrait en cause cette trajectoire. Cela pourrait à son tour entraîner une hausse des rendements sous-jacents et des spreads si le marché était contraint de revoir ses attentes en matière de politique monétaire.
La situation est tout autre en Europe, où le marché a en grande partie exclu toute nouvelle baisse des taux de la Banque centrale européenne (BCE) pour l'heure. Bien entendu, si la croissance venait à se dégrader de manière significative, toute réévaluation du marché pourrait de nouveau pousser les rendements de la zone euro à la baisse, même si la politique monétaire reste inchangée.
Si la croissance ralentit et que l'inflation reste contenue, les marchés pourraient intégrer des scénarios plus favorables à la duration pour les titres obligataires en euros, entraînant ainsi une hausse des cours et un aplatissement de la courbe susceptibles de profiter aux échéances plus longues ou aux obligations d'État et d'entreprise européennes de qualité. Plus particulièrement, si les spreads de crédit de la zone euro restent raisonnablement serrés dans un contexte où les inquiétudes concernant la croissance restent limitées, les expositions aux titres européens Investment Grade et à certains titres à plus haut rendement en euros pourraient, selon nous, offrir un portage attrayant assorti d'un risque de crédit acceptable.