(AOF) - Les valeurs bancaires ont clôturé parmi les principales baisses de l’indice CAC 40 sur fond de craintes sur la croissance et sur une nouvelle crise de la dette en Europe périphérique. Société Générale a chuté de 6,15% à 23,25 euros, suivie de Crédit Agricole, -5,91% à 9,229 euros et de BNP Paribas, - 5,06% à 48,60 euros.
Le secteur des banques est sous pression depuis plusieurs jours, mais celle-ci s'est accentuée depuis les annonces de la Banque centrale européenne hier. Ses annonces plus " hawkish " que prévu ont entraîné une nouvelle augmentation de l'écart de taux entre l'Italie et l'Allemagne, ce spread étant considéré comme une mesure du risque financier en Europe. Plus cet écart est élevé et plus ce risque est jugé important. Or il s'est de nouveau accentué aujourd'hui après les chiffres de l'inflation américaine et atteint désormais 225 points de base.
L'Italie est le maillon faible en Europe du fait du niveau très élevé de son endettement - 150% de son PIB- et Rome bénéficiait des rachats d'actifs de la BCE pour se financer à très bon marché. Le tournant monétaire pris hier par l'institution financière change la donne.
Christine Lagarde a indiqué qu'elle déploiera un nouvel instrument si besoin pour éviter la fragmentation des marchés obligataires de la zone euro après le début du resserrement de sa politique monétaire, rapporte Reuters. Ses déclarations sont cependant restées sans effet sur les marchés qui attendent des précisions au sujet d'un mécanisme anti-fragmentation.
Les banques souffrent également des inquiétudes à propos de l'impact du resserrement monétaire de la BCE sur une conjoncture déjà fragilisée par les conséquences économiques de la guerre en Ukraine. Ce matin, la Bundesbank a abaissé sa prévision de croissance à 1,9% pour cette année contre 4,2% en décembre dernier. Le scénario de base des projections repose sur l'hypothèse que la guerre et ses conséquences ne s'intensifieront pas davantage " a prévenu la Banque centrale allemande.
Le risque de récession - définie comme au moins deux trimestres de recul du PIB - n'est plus à négliger après la publication une inflation au plus haut depuis décembre 1981 aux Etats-Unis, qui pourrait contraindre la Fed à pousser plus fort sur le frein monétaire.