Choc obligataire et tensions douanières : ajuster sa stratégie d’investissement
Les annonces récentes de l’administration Trump sur un relèvement généralisé des droits de douane ont ravivé les craintes d’un retour du protectionnisme. En réaction, les marchés obligataires américains ont été fortement secoués, avec une hausse rapide des rendements à long terme. Cette tendance questionne la soutenabilité de la dette publique américaine et remet en cause le statut de valeur refuge des bons du Trésor. Dans ce contexte, il devient pertinent de privilégier la partie courte de la courbe, moins exposée aux ajustements brutaux.
En Europe, l’impact inflationniste des mesures protectionnistes semble à ce stade contenu. Cela permet d’envisager un léger allongement de la duration sur les dettes souveraines des pays « core », en particulier l’Allemagne. Les échéances intermédiaires (5-7 ans) apparaissent mieux adaptées que les maturités longues, plus sensibles à l’incertitude.
Sur le crédit, les spreads demeurent peu attractifs au regard du risque accru, en particulier sur le segment high yield longue duration. En revanche, l’investment grade et le high yield court offrent des rendements ajustés au risque plus intéressants.
Les actions américaines souffrent de la remontée du coût du capital. A l’inverse, en Europe, la combinaison de valorisations attractives et de plans de relance vigoureux, notamment en Allemagne, soutient les perspectives des moyennes capitalisations et des valeurs « value ».
Dans un environnement marqué par la volatilité politique et les tensions commerciales, les investisseurs auront tout intérêt à renforcer leur sélectivité, tant sur la duration obligataire que sur les zones géographiques.
Laurent Denize est global CIO chez ODDO BHF Asset Management.
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