IA : bulle ou simple étape d’une révolution structurelle ?
La fulgurante montée en puissance de l’intelligence artificielle nourrit naturellement le débat autour d’une potentielle bulle IA.
Plusieurs signaux invitent à la prudence : la capitalisation boursière de la thématique atteint plusieurs trillions de dollars et les Big Tech devraient quadrupler leurs dépenses d’investissement d’ici 2030 selon les prévisions de Nvidia, nécessitant entre 1 500 et 2 000 milliards de revenus additionnels pour maintenir des rendements comparables. Cela représente un défi considérable.
Pour autant, de nombreux éléments plaident contre une simple bulle spéculative. La demande pour l’IA reste très largement supérieure à l’offre. Les valorisations demeurent globalement raisonnables, avec un Nasdaq à 29x les bénéfices, et les « economics » de l’IA restent solides grâce à des retours sur investissement élevés. Le financement circulaire (fournisseurs finançant leurs clients, partage des revenus et participations croisées), qui peut inquiéter en premier lieu, contribue à soutenir un modèle où chaque avancée technologique alimente l’écosystème lui-même. Les investissements massifs réalisés par les leaders du secteur, notamment pour sécuriser des capacités de calculs, renforcent cette dynamique.
Dans ce contexte, l’idée d’une bulle purement spéculative apparaît réductrice. L’IA représente surtout une transformation structurelle. Les gains de productivité attendus, la diffusion rapide des usages et l’émergence d’une industrie complète, allant de l’infrastructure énergétique nécessaire aux data centers jusqu’aux applications, suggèrent un cycle d’innovation durable.
Pour les investisseurs, une exposition sélective, diversifiée sur l’ensemble de la chaîne de valeur (enablers, adopters, infrastructures) apparaît pertinente pour capter cette phase d’expansion tout en maîtrisant les risques. L’enjeu n’est pas tant d’éviter une bulle que d’identifier les entreprises qui transformeront durablement leurs modèles grâce à l’IA.
Laurent Denize est global CIO chez ODDO BHF Asset Management.
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