De la normale à l’anormal

Publié le 13 décembre 2013 à 15h30    Mis à jour le 30 avril 2014 à 18h12

Dominique Barbet

par Dominique Barbet, économiste de marché, BNP Paribas

L’Eonia, le taux interbancaire au jour le jour, se rapproche du taux refi, celui auquel la BCE prête aux établissements financiers. Les taux Euribor dont la maturité dépasse trois mois sont déjà au-dessus de ce refi. Certes, le mouvement est brutal et inattendu, mais il ne devrait pas être inquiétant. L’excès de liquidités se résorbe assez vite, ce qui témoigne de l’assainissement du système bancaire. On revient donc vers une structure des taux normale, où le refi est le plancher de la courbe monétaire ; comme sur le dollar par exemple. Avec le recul, on voit que la baisse de novembre n’a eu qu’un effet transitoire, même si elle empêche une remontée trop forte des taux de marché aujourd’hui. Si la BCE veut maintenir les taux au plus bas, elle devra encore baisser son refi, ce qui devrait se produire début 2014.

En revanche, un taux de dépôt négatif serait un signal d’une tout autre nature. Cela impacterait le comportement de l’ensemble des acteurs du marché monétaire. Ce serait une sorte de choc systémique, dont l’effet salutaire, une hausse des crédits distribués, n’est pas garanti. Cela contribuerait certainement à réduire les déséquilibres entre les banques centrales nationales de la zone euro, ce qu’on appelle les «balances TARGET». Mais cela sera interprété comme le signe que la BCE redoute une période de déflation, ce qui risque d’alimenter ces anticipations que la BCE veut précisément éviter. Or, plus elle agira tardivement, si elle doit agir, plus le risque de cet enchaînement pervers sera grand ! Enfin, ce serait aussi la preuve, certes indirecte, que la BCE se préoccupe vraiment du taux de change de l’euro.

Dominique Barbet

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