Le choix cornélien des banques centrales émergentes

Publié le 8 janvier 2016 à 11h07    Mis à jour le 8 janvier 2016 à 17h57

Jean-Michel Six

Le nouvel environnement international place nombre de banques centrales émergentes devant des choix politiques très difficiles. Le resserrement de la politique monétaire américaine et les perspectives de hausses des taux ont entraîné une inversion des mouvements de capitaux, qui quittent désormais massivement les émergents pour se réinvestir dans les pays développés.

Ces sorties de capitaux se sont traduites par des baisses importantes des devises émergentes. Pour s’en tenir à la seule Afrique subsaharienne, les devises de la Zambie et du Mozambique ont cédé plus de 40 % face au dollar en 2015, tandis que celles de l’Angola et de l’Afrique du Sud reculaient de plus de 20 %. Ces chutes renchérissent mécaniquement la dette et le service de la dette libellée en devise étrangère de ces pays. Dans le cas du Sénégal par exemple, la dette publique a augmenté en un an de plus de quatre points de PIB du fait de la hausse du dollar.

Face à ce retournement, les banques centrales émergentes se voient contraintes de relever leurs taux directeurs pour soutenir leurs devises. Ainsi l’Ouganda a relevé ses taux de 6 points en 2015, suivi par le Ghana (5 points), la Zambie et le Kenya (3 points). Mais ces hausses renchérissent évidemment le coût du crédit domestique alors même que ces économies ralentissent fortement du fait des chutes des matières premières liées à l’affaissement de la demande chinoise.

Des choix cornéliens, qui pourraient entraîner des conséquences géopolitiques graves si ces économies connaissaient une récession prolongée.

Jean-Michel Six

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