Le yen perd-il son statut de valeur refuge ?

Publié le 6 mai 2022 à 14h30

Laetitia Baldeschi    Temps de lecture 2 minutes

L’un des phénomènes les plus marquants des dernières semaines est l’effondrement du yen. La devise s’est dépréciée de 13 % depuis le 1er mars, pour atteindre 130,1 yens pour un dollar, début mai. Bien évidemment, le choix fait par la Banque centrale japonaise (BoJ) de maintenir coûte que coûte sa politique monétaire accommodante en contrôlant l’ensemble de la courbe des taux, avec un taux 10 ans autour de 0 %, alors même que la Réserve fédérale américaine (Fed) entendait relever rapidement son taux directeur, explique une bonne partie de la baisse de la devise. La divergence des profils d’inflation entre les deux pays explique ces politiques monétaires opposées. L’inflation au Japon reste un sujet pour l’essentiel limité au prix de l’énergie. Hors énergie et alimentation fraîche, l’indice des prix recule toujours de 0,7 % sur un an ! La BoJ demeure focalisée sur son objectif de sortie durable de la déflation, alors que la Fed vise à restaurer la stabilité des prix, avec une inflation sous-jacente à 6,4 % sur un an. L’écart de taux à 10 ans entre les deux pays a donc progressé très sensiblement. L’autre facteur qui pèse sur le yen est l’écart de dynamique conjoncturelle. Si la croissance américaine reste dynamique, avec notamment une demande intérieure très vigoureuse, tel n’est pas le cas de la croissance japonaise, avec une consommation des ménages qui retrouve à peine en mars le niveau d’avant la crise sanitaire. L’absence de perspectives et de rendements explique donc le peu d’appétence des investisseurs pour le yen.

Laetitia Baldeschi Responsable des études et de la stratégie ,  CPR Asset Management.

Laetitia Baldeschi est responsable des études et de la stratégie chez CPR Asset Management.

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