Suspension du plafond de la dette américaine : et ensuite ?

Publié le 9 juin 2023 à 15h35

Bastien Drut

Après des négociations particulièrement difficiles, les démocrates et les républicains sont parvenus à un accord pour suspendre le plafond de la dette jusqu’en 2025. Même si cela est courant de leur part, les républicains ont mis en avant la forte hausse du déficit et de la dette publique pour exiger des baisses de dépenses. Il est vrai que la dynamique de la dette publique américaine peut objectivement susciter des interrogations. Lors de la crise sanitaire, les différents programmes de soutien ont coûté cher et le déficit fédéral a dépassé 14 % du PIB en 2020. Mais en mettant de côté cet épisode, on s’aperçoit que le déficit fédéral (calculé en % du PIB) est depuis une petite décennie sur une tendance ascendante : alors qu’il était auparavant très corrélé au cycle économique, il l’est désormais beaucoup moins. Plusieurs raisons expliquent le phénomène : la baisse graduelle du taux d’imposition, la hausse tendancielle des dépenses « obligatoires » (retraite, santé) et, plus récemment, la hausse des dépenses d’intérêt (à la suite du resserrement monétaire brutal de la Fed). En conséquence, le bureau du budget du Congrès (CBO) anticipe que les déficits fédéraux vont continuer à augmenter lentement mais sûrement. La réalité est vraisemblablement plus sombre, puisque le CBO ne fait pas d’hypothèse de récession dans ses projections et que les récessions causent généralement de fortes hausses du déficit public. L’élément de long terme inquiétant ici est que les marchés obligataires devront absorber ces déficits grandissants mais aussi la dette que la Fed va continuer à remettre sur le marché dans le cadre de son Quantitative Tightening.

Bastien Drut Responsable des études et de la stratégie ,  CPR AM

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