Après son virage, la Fed se prépare-t-elle à changer de boussole ?

Publié le 1 mars 2019 à 9h51

Julien-Pierre Nouen

L’annonce d’une pause dans le cycle de remontée des taux de la Réserve fédérale a été interprétée comme un virage à 180 degrés. Dans le même sens, la Fed a évoqué une possible fin prochaine du mouvement de réduction de son bilan. A tel point que les marchés intègrent maintenant une baisse des taux fed funds d’ici fin 2020.

Pourtant, la vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain et la poursuite de l’accélération des salaires dans une économie sous haute pression pourrait changer la donne. John Williams, l’influent président de la Fed de New York, a d’ailleurs remarqué qu’en prenant une mesure d’inflation ciblée sur les biens et services les plus sensibles au cycle, la courbe de Phillips, liant inflation et chômage, ne s’est pas aplatie : le faible niveau du chômage a bien un impact sur certains prix. En revanche, il a insisté sur le risque qu’une inflation durablement inférieure à l’objectif ne fasse décrocher les anticipations – le déflateur de la consommation hors alimentation et énergie n’a ainsi été que six mois au-dessus de 2 % depuis dix ans.

Dès lors, faut-il compenser une période de faible inflation par une période d’inflation plus forte ? Une question parmi celles que la Fed va se poser dans le cadre de la revue de sa stratégie, des outils et de sa communication qui a lieu en 2019. Si l’objectif d’un emploi maximal et d’une inflation stable autour de 2 % ne va pas changer, les instruments pour l’atteindre pourraient évoluer.

Julien-Pierre Nouen Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée ,  Lazard Freres Gestion

Julien-Pierre Nouen est directeur des études économiques et de la gestion diversifiée chez Lazard Freres Gestion

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