Dans certaines séries, la multiplication des rebondissements peut amener le spectateur à perdre l’intrigue principale. Tel est le cas du feuilleton du Budget fédéral qui, après une saison du Covid riche en explosions de dépenses, oppose de nouveau la Maison-Blanche au Congrès.

L’existence d’un plafond d’endettement fédéral constitue les conditions d’une réelle dramaturgie. Après l’accord trouvé in extremis en mai, le compromis trouvé au forceps en septembre entre les républicains modérés et les démocrates pour prolonger les budgets jusqu’au 17 novembre a coûté son poste au président de la Chambre basse. Si son remplaçant ne fait pas voter une nouvelle résolution budgétaire, le gouvernement pourrait de nouveau subir un shutdown faisant frémir les spectateurs.

Mais alors, où en est l’intrigue principale ? Malgré une activité bien orientée, le déficit devrait atteindre 6,2 % en 2023, selon le Congressional Budget Office (CBO). Plus inquiétant, à politique budgétaire inchangée, le CBO estime que le déficit devrait atteindre jusqu’à 10 % dans trente ans en raison d’intérêts plus élevés sur une dette qui pèserait alors 180 % du PIB, mais aussi à cause de l’augmentation des dépenses obligatoires (santé, retraite). Les dépenses discutées au Congrès ne représenteraient in fine que 6 % du PIB, dont près de la moitié concernent la Défense, secteur sanctuarisé. Les dirigeants américains s’efforcent donc de réduire un déficit de 6 % en agissant sur des dépenses représentant 3 % du PIB. Le feuilleton budgétaire comptera encore de nombreuses saisons…