BCE : un testament empoisonné ?

Publié le 11 octobre 2019 à 12h20

Laetitia Baldeschi

Comme il l’avait annoncé dès son discours à Sintra en juin dernier, Mario Draghi a présenté un paquet de mesures de politique monétaire afin de contrer l’atonie de l’économie européenne et veiller à ce que les anticipations d’inflation ne se désancrent pas. Il combine ainsi une baisse du taux de dépôt à - 0,50 %, un lien renforcé entre «forward guidance» et évolution de l’inflation, un retour du Quantitative Easing avec des achats nets de titres de 20 milliards d’euros par mois à partir du 1er novembre, et – fait notable – «aussi longtemps que nécessaire», des conditions du TLTRO 3 (programme de refinancement des banques) plus favorables et un mécanisme de rémunération des réserves excédentaires à deux paliers (mécanisme de tiering).

La publication des minutes de cette réunion du Conseil vient toutefois confirmer que les décisions prises, notamment celle de la réactivation des achats d’actifs, ont rencontré une certaine opposition parmi les gouverneurs, comme certaines déclarations l’avaient laissé entendre. Difficile d’anticiper la suite, dans ce contexte ! Les marchés ne s’y trompent pas. Les taux n’ont pas poursuivi leur mouvement baissier. Au contraire, le dernier mouvement est plutôt à une légère remontée, le doute s’installant… Christine Lagarde a aujourd’hui toute la boîte à outils à sa disposition, c’est un fait. Mais disposera-t-elle d’un consensus au sein du futur Conseil des gouverneurs pour aller plus loin sur la voie de l’assouplissement si d’aventure la croissance ou l’inflation faiblissait encore ? Rien n’est moins sûr !

Laetitia Baldeschi Responsable des études et de la stratégie ,  CPR Asset Management.

Laetitia Baldeschi est responsable des études et de la stratégie chez CPR Asset Management.

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