Les vues mensuelles du marché d’Ostrum AM
LA LETTRE DU CIO
Gaëlle Malléjac
Directrice des gestions
Les premiers signes de la désescalade :
Les marchés financiers réagissent bien davantage aux signaux d’amélioration qu’à la réalité économique sous-jacente. Le sentiment des investisseurs s’est amélioré à la suite de l’annonce d’une pause de 90 jours des tarifs douaniers puis des accords commerciaux avec la Chine et le Royaume-Uni. Si beaucoup de questions restent en suspens, notamment les tarifs applicables aux produits pharmaceutiques et aux semi-conducteurs, la détente est palpable et l’incertitude économique semble se réduire quelque peu. Le choc tarifaire ne semble pas, pour l’instant, se traduire par une accélération généralisée des prix. Le redémarrage de la croissance américaine interviendra au 3ème trimestre. En zone euro, le 1er trimestre encourageant renforce notre scenario de résilience de l’activité. Dans ce contexte, la Fed, attaquée par Donald Trump, n’agira pas préventivement mais sera attentive aux développements sur le marché du travail et à la stabilité financière. L’épisode de tension sur les Treasuries pourrait se répéter compte tenu des risques budgétaires persistants. La BCE poursuivra en revanche l’allègement par deux nouvelles baisses en juin et en juillet, voire davantage si la situation économique l’exige. Le Bund a retrouvé un statut de valeur refuge relativement au T-Note. Le 10 ans allemand oscillera autour de 2,50 %. Les spreads italiens ont encore un potentiel de resserrement, le relèvement de la notation saluant les efforts budgétaires. La chute des actifs risqués de début avril est en partie effacée. Les flux se redressent de sorte que le crédit IG s’est stabilisé sous 100 pb contre swap, un nouvel équilibre qui traduit l’incertitude persistante. Le high yield reste plus chèrement valorisé et vulnérable. Sur les actions, la bonne saison des résultats du T1 laisse place désormais à une période de visibilité réduite et avec des marges bénéficiaires sous pression au second semestre.
VUES ECONOMIQUES
Trois thématiques pour les marchés
1- Croissance L’économie américaine s’est contractée au T1 malgré une demande finale solide en amont de l’imposition des tarifs douaniers. L’activité devrait connaitre une croissance quasi-nulle au T2 avant un rebond au second semestre, mais sous le potentiel. En zone euro, la croissance est ressortie plus forte qu’attendu au T1 (+0,3 %). L’embellie devrait s’atténuer compte tenu de la contraction du commerce mondial à venir. La Chine a connu un bon premier trimestre et prend des mesures pour limiter l’impact sur sa croissance des tarifs douaniers américains prohibitifs.
2- Inflation La hausse des tarifs douaniers n’est pas encore visible dans l’inflation aux Etats-Unis (2,4 % en avril). L’impact des taxes douanières semble atténué par les arbitrages des ménages et le ralentissement de la consommation discrétionnaire en services. En zone euro, l’inflation est restée stable à 2,2% en avril et 2,7% pour l’indice hors énergie et alimentaire. L’inflation pourrait encore diminuer à court terme en raison d’une demande plus faible, du pétrole et de l’appréciation de l’euro. En Chine, la déflation persiste avec une inflation de -0,1 % en mars.